La crise du Darfour, où menace un désastre humanitaire, s'enlise dangereusement amenant l'UA demander l'aide de l'Alliance atlantique. Se trouvant en ce début de semaine à Bruxelles, le président de l'Union africaine, Oumar Alpha Konaré, a sollicité l'aide logistique de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) et financière de l'Union européenne, dans l'optique de permettre à l'organisation africaine de mettre en exécution les dernières décisions du Conseil pour la paix et la sécurité (CPS-UA) afférentes à la situation tragique prévalant au Darfour. Région de l'ouest du Soudan, où un conflit violent oppose rebelles et milices progouvernementales, le Darfour est en proie depuis 2003 à une sanglante guerre civile. En tout état de cause, les combats au Darfour ont fait, depuis l'époque, entre 180.000 et 300.000 morts qui ont été enregistrés, selon les estimations des ONG et de l'ONU, poussant plus de deux millions de personnes à quitter la province pour les pays voisins du Soudan. L'Union africaine, qui dispose depuis l'an dernier d'un contingent de militaires africains au Darfour, n'arrive pas, toutefois, à contrôler la situation tant du fait d'une logistique inadaptée, que de la faiblesse de ses moyens financiers, carences qui remettent en cause l'efficacité de son travail sur le terrain. Les demandes de l'Union africaine concernent en particulier l'apport de transport des troupes, l'hébergement des soldats de l'UA, la formation, les moyens de communication ainsi que la fourniture d'équipements, au total tout ce dont ont besoin des troupes en mission de paix. De fait, l'Union européenne devait étudier (hier) lors d'une réunion prévue à Bruxelles, cette demande africaine. Cela à la veille d'une réunion de donateurs organisée à Addis Abeba par l'Union africaine, réunion à laquelle prendront part, outre les 53 Etats membres de l'UA, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, son homologue de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, le commissaire au Développement de l'UE, Louis Michel et le haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana. Toutefois, la présence du secrétaire général de l'Otan à cette réunion, consacrée au Darfour, constitue l'événement et une première en Afrique, donnant à l'Alliance atlantique de mettre pied dans le continent noir. Selon les observateurs, une présence logistique de l'Otan au Darfour est quasiment acquise et, sauf contrainte de dernière minute, l'Alliance sera pour la première fois présente en Afrique. Cette participation logistique de l'Otan au Darfour doit, cependant, être encore approuvée par les instances politiques de l'Alliance, qui doivent se réunir, indique-t-on à Bruxelles, en début de la semaine prochaine. Mais, en tout état de cause, le principe de l'aide logistique de l'Otan, qui intervient à la requête de l'UA, est retenu. Toutefois, l'Union africaine ne sollicite pas l'envoi de troupes de l'Otan mais seulement une aide matérielle et logistique permettant à la mission de paix de l'UA d'accomplir dans de meilleures conditions sa tâche. D'aucuns estiment cependant que cette aide logistique sera sans doute accompagnée par un minimum de personnel technique. S'exprimant sur cette question, un responsable de l'Alliance a indiqué sous le couvert de l'anonymat que «l'Otan est d'accord pour estimer que cela doit rester et être perçu comme une mission de l'UA, avec l'Alliance intervenant uniquement dans un rôle de soutien». Notons qu'au début du mois, le ministre soudanais des Affaires étrangères Moustafa Osmane Ismaïl avait déclaré que le Soudan admettait une aide logistique de l'Otan à l'UA sous réserve qu'«il n'y ait pas de troupes autres qu'africaines» au Darfour. Reste certes à coordonner les efforts des divers organismes (UA, UE, ONU et Otan) intervenant dans cette province du Soudan et jauger de l'importance et de la nature de cette intervention. Parlant de la réunion des donateurs qui aura lieu le jeudi 26 mai à Addis Ababa, siège de l'UA, Adam Thiam, porte-parole de l'Union africaine, indique que «l'objectif sera de susciter des contributions financières de la part de nos partenaires pour notre mission au Darfour». Cette réunion a été organisée, précise M.Thiam, après «la décision de l'UA de renforcer nos troupes au Darfour à 7700 hommes, dans un premier temps» En effet, face à l'aggravation de la situation, le Conseil pour la paix et la sécurité (CPS/UA) a résolu, à la fin du mois dernier, d'augmenter les effectifs de sa force de paix au Darfour, qui doivent passer de 3 320 hommes actuellement à 7731 d'ici fin septembre, et éventuellement à 12.000 dans une phase ultérieure. L'UA estime le budget annuel de cette mission élargie à plus de 400 millions de dollars, alors qu'il est actuellement de 221 millions USD, financés principalement par l'UE et les USA. Dans cette course contre la montre pour ramener la paix au Darfour, il s'agit aussi de prévenir le désastre humanitaire qui menace cette province du Soudan soumise depuis deux années aux violences induites par la guerre civile.