La capitale éthiopienne reçoit aujourd'hui une conférence des donateurs pour le Darfour à l'appel de l'Union africaine. La conférence des donateurs qui doit être coprésidée par le secrétaire général de l'ONU et le président de la Commission de l'UA, sera l'occasion pour l'Union africaine (UA) de raviver l'intérêt international pour une région, le Darfour, (province de l'ouest du Soudan) plongé depuis plus de deux ans dans une sanglante guerre civile. Or, l'UA, qui supervise une mission de paix au Darfour depuis l'an dernier, dispose de peu de moyens pour mener à bien la sauvegarde de cette province soudanaise, aujourd'hui au bord du gouffre. Aussi, l'aide internationale est-elle devenue pour l'institution africaine incontournable. Une aide autant financière que logistique pour lui donner de mener à bien sa mission de paix au Darfour. L'ONU, l'Union européenne, (UE), et l'Alliance atlantique (Otan) ont répondu favorablement à cet appel dont la conférence des donateurs, qui s'ouvre aujourd'hui à Addis Abeba, aura à coordonner l'aide promise et à évaluer les besoins financiers et logistiques. Ainsi, par leurs porte-parole respectifs, l'UE et l'Otan ont confirmé mardi leur disponibilité à travailler avec l'UA et à lui apporter tout l'appui dont l'Union africaine a besoin pour la concrétisation de sa mission de paix. C'est en présence de Kofi Annan, du Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, du secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, du président de la Commission africaine, Oumar Alpha Konaré et des représentants des 53 Etats membres de l'UA que la réunion d'aujourd'hui finalisera la coordination entre l'Union africaine et ses partenaires internationaux pour la mise en place du processus d'aide à la mission de paix au Darfour. L'UE et l'Otan se sont ainsi engagés, chacun de son côté, à répondre positivement à l'appel de l'UA en accédant à ses demandes. Revenant sur la demande africaine le porte-parole de l'Otan, James Appathurai, a indiqué mardi que «le Conseil de l'Atlantique nord s'est mis d'accord aujourd'hui sur des options militaires initiales en vue d'un possible soutien à la mission de l'UA». Par ailleurs, parlant sous le couvert de l'anonymat, un diplomate européen en poste à Addis Abeba a indiqué à cet effet que «le principe, c'est que l'UA fournit les troupes et assure le commandement, tandis que les partenaires prennent en charge la logistique et le financement», un partage des tâches approuvé par tous les concernés et qui convient parfaitement à l'UA qui a décidé le 28 avril dernier de porter le nombre des forces de paix au Darfour de 3320 hommes à 7 731, ce dernier chiffre pouvant être revu à la hausse en cas de besoin. Le consensus sur lequel l'UA et ses partenaires sont tombés d'accord, est que l'Union africaine garde la maîtrise de l'opération au Darfour, condition sine qua non de Khartoum pour son accord à l'intervention des deux institutions européenne et atlantique au Soudan. Cet apport international est important comme le souligne l'un des porte-parole de l'UA Assane Ba qui a indiqué dans une déclaration à la presse que «maintenant il nous faut des moyens. Nous sommes prêts à fournir les troupes, mais nous demandons les moyens». De fait, d'aucuns ont pu relever que là où l'Union africaine est présente au Darfour, la situation sécuritaire et humanitaire s'est nettement améliorée. Il est évident toutefois que l'UA, avec ses faibles moyens, n'a pas la capacité de couvrir une région s'étendant sur plus de 500.000 km², ou la rébellion menée par le Mouvement de libération du Soudan (SLM/SLA) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM, proche des islamistes) et les milices «Djandjawids», font régner la terreur sur la province du Darfour. Selon les estimations des ONG et de l'ONU entre 180.000 et 300.000 personnes ont été tuées, depuis le début du conflit en janvier 2003, avec deux millions de déplacés et plus de 200.000 réfugiés dans les pays limitrophes du Soudan. Ainsi, l'Union africaine a engagé au Darfour une course contre la montre pour prévenir la catastrophe qui menace cette province, comme l'affirme le président de la Commission de l'UA, Oumar Alpha Konaré qui a déclaré hier au Caire que «si la situation au Darfour n'est pas maîtrisée, ce serait une grande catastrophe, non seulement pour le Soudan, mais pour l'Afrique de l'Est et même pour le Proche-Orient». M.Konaré, tout en soulignant que le Soudan «partageait des frontières communes avec neuf Etats arabes et africains» a insisté sur le fait que «l'obstacle du financement est important, mais le véritable obstacle est l'obstacle politique. C'est la volonté des parties soudanaises de ne pas aboutir à un règlement du problème» regrette le président de la Commission de l'Union africaine. Dès lors, les efforts africains et internationaux seront inopérants et resteront vains si les premiers intéressés, le gouvernement soudanais et les mouvements rebelles du Darfour, ne mettent pas de leur côté de la bonne volonté pour aider à consolider le processus de paix en cours et donner à l'Union africaine de les assister pour trouver une solution définitive au sanglant conflit du Darfour.