«La police a arrêté et sévèrement battu le leader des manifestations sociales au Rif marocain», a affirmé l'ONG américaine Human Rights Watch. Les bourreaux sont passés à l'acte. Après son arrestation, Nasser Zefzafi s'attendait sans aucun doute à ne pas être à la fête, mais probablement pas au point de subir de terribles violences physiques, être humilié et voir sa dignité et celle de ses compagnons de lutte bafouée. Avec deux autres militants du mouvement de protestation pacifique du Rif, Fahim Ghattas et Mohamed Haki, ils ont été maltraités, violentés par une douzaine de policiers de la Brigade de la police judiciaire (BNPJ) lors de leur arrestation, alors qu'ils n'ont opposé aucune résistance. «La police a insulté les trois militants en termes vulgaires, les a sommés de scander vive le roi en les traitant de séparatistes», est-il mentionné dans le compte rendu de leurs avocats, auquel a eu accès Human Rights Watch. Des violences qui ont conduit le leader du mouvement Hirak directement à l'hôpital. Pour le rendre certainement plus présentable, effacer les traces et les preuves du forfait qu'il a subi durant son interrogatoire incontestablement musclé. Ses blessures lui ont valu des points de suture pour une importante coupure à sa tête et une autre sous son oeil gauche.» a indiqué l'Organisation non gouvernementale US qui a souligné que: «les autorités lui ont donné des vêtements propres pour se débarrasser de ses habits tachés de sang.», a indiqué HRW. Ce qui suscite bien des interrogations à commencer par l'instrumentalisation des manifestations pacifiques qui secouent la ville d'Al Hoceïma depuis le mois d'octobre 2016. «Les autorités marocaines devraient enquêter sur les allégations crédibles de violence policière contre Zefzafi et s'abstenir de déposer des accusations» contre «un discours pacifique ou une protestation», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. «Pour lutter contre l'impunité et garantir des procès équitables, les tribunaux de Casablanca et d'Al-Hoceïma devraient assurer des examens médicaux rapides aux défendeurs et conserver toutes les preuves physiques pertinentes», a ajouté dans la foulée Heba Morayef, directrice recherches de la division Afrique du Nord à Amnesty International. Le Makhzen reste habité par ses vieux démons. Il pensait pouvoir étouffer dans l'oeuf la tornade de colère qui émane de la ville d'Al Hoceïma. Les manifestations pacifiques, violemment réprimées, les interpellations musclées ont mis en exergue la brutalité qui le caractérise. La question est désormais sur la place publique. Même le roi s'en est emparé. «Mohammed VI avait donné des consignes fermes et strictes pour enquêter sur d'éventuels cas de torture ou de violences qu'auraient subies certains des membres du mouvement de protestation d'Al Hoceïma interpellés et incarcérés», a indiqué le ministre marocain des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, le 8 juin dernier, à l'issue d'un Conseil de gouvernement. A noter que des rumeurs ont circulé sur des violences qu'auraient subies les détenus du Hirak. Des avocats de Zefzafi ont relevé que leur client avait été violenté lors de son interpellation et que celui-ci comptait poursuivre en justice des policiers d'Al Hoceïma», avait rapporté la presse marocaine. «Des militants de deuxième rang ont été torturés au siège de la Bmpj (Brigade marocaine de la police judiciaire, ndlr)», avait affirmé une avocate marocaine, membre du collectif chargé de leur défense. Une déclaration qui tombe à pic pour démontrer la légèreté avec laquelle l'ambassadeur du Maroc à l'ONU avait traité les événements qui secouent cette région du royaume. «Au Maroc il y a une démocratie, c'est pour cela que les gens dans le Rif s'expriment chaque jour, librement, sans qu'ils ne soient ni attaqués ni emprisonnés...», avait répondu Omar Hilale à une question d'une journaliste de l'APS qui l'avait interrogé sur ce qui se passait dans la région du Rif. HWR l'a pris en flagrant délit de mensonges...