Acculé, le Qatar tente de desserrer l'étau de ses voisins qui tentent de l'étrangler Le Qatar a réclamé des preuves sur les accusations de soutien au «terrorisme» lancées par l'Arabie saoudite, au moment où les Etats-Unis tentent de jouer les bons offices pour résoudre la crise sans précédent entre les monarchies du Golfe. Le 5 juin, l'Arabie saoudite ainsi que les Emirats arabes unis et Bahreïn, deux autres voisins du Qatar, et l'Egypte ont rompu les liens diplomatiques et imposé des sanctions économiques au Qatar accusé de soutenir des groupes «terroristes» et de se rapprocher de l'Iran chiite, rival du royaume saoudien. Mardi, les chefs de la diplomatie saoudienne, qatarie, émiratie et un ministre koweïtien se trouvaient aux Etats-Unis, dont le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a multiplié les rencontres pour trouver une solution à la crise. Les quatre adversaires du Qatar ont fixé un ultimatum de 10 jours à Doha pour satisfaire à leur liste de 13 demandes, qui lui a été remise le 22 juin par le Koweït. Ils exigent du Qatar notamment de fermer la chaîne de télévision Al-Jazeera, réduire ses relations avec l'Iran et fermer la base militaire turque sur son territoire. Le Qatar n'a pas encore répondu mais a jugé ces demandes déraisonnables. «Le Qatar s'engagera dans un dialogue constructif» avec ses adversaires «si leurs allégations (sur le soutien au «terrorisme») sont soutenues par des preuves claires», a dit son ministre des Affaires étrangères Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, cité par les médias à Doha. Il s'est exprimé après un entretien mardi à Washington avec M. Tillerson et après une déclaration du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir qui a affirmé sur Twitter que les 13 demandes n'étaient «pas négociables. C'est maintenant au Qatar de cesser de soutenir l'extrémisme et le terrorisme». «Cela est contraire aux bases qui régissent les relations internationales car on ne peut pas présenter des listes et refuser de les négocier», a répliqué le ministre qatari. Après que l'Arabie saoudite s'est montrée inflexible, M. Tillerson, dont le pays est un allié de Riyadh et de Doha, a affirmé «espérer que toutes les parties continueraient à se parler de bonne foi». Il a exhorté «les parties à rester ouvertes à la négociation, qui est le meilleur moyen de résoudre le différend». Les Etats-Unis ont plutôt mis en garde sur le fait que le Qatar aurait du mal à satisfaire certaines demandes et réclamé à Riyadh de réduire sa liste aux requêtes «raisonnables et recevables». Mais le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, porte-voix des adversaires du Qatar, a rappelé hier à Doha que «l'heure de vérité approche». «Nous invitons le (Qatar) frère à choisir la sincérité et la transparence dans ses relations», a-t-il écrit sur son compte Twitter. «Nous avons tant souffert de ses complots contre notre stabilité et assisté à son soutien à des agendas politiques semant le chaos dans notre monde arabe». Les discussions sur un règlement de la crise vont se poursuivre cette semaine, a précisé le département d'Etat américain. Les Etats-Unis ont des liens étroits avec les pays en conflit. Le Qatar abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, au centre de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique. Bahreïn abrite une base navale de la Cinquième flotte américaine. Et les armées américaines et saoudiennes travaillent étroitement ensemble. Le rôle des Etats-Unis sera crucial dans ces «discussions de proximité», estime Hussein Ibish, un chercheur à l'Arab Gulf States Institute à Washington. «La porte de sortie c'est une sorte de médiation américaine qui permet à chacun de sauver la face».