Devant la crainte de voir la situation dégénérer dans la région, les Etats-Unis ont entrepris une discrète médiation pour faire baisser la tension et, pourquoi pas, réconcilier les différents protagonistes. Et c'est à Rex Tillerson que cette mission délicate a été confiée. Il est attendu de lui qu'il exploite ses relations personnelles dans la région. Pour mettre fin à la crise diplomatique qui les oppose depuis le 5 juin au Qatar, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et leurs alliés du Golfe exigent de l'émir Tamim Ben Hamad Al Thani qu'il réduise ses relations avec l'Iran, qu'il ferme la chaîne de télévision Al Jazeera ainsi qu'une base militaire turque sur son sol. Al Jazeera est le bras médiatique du ministère qatari des Affaires étrangères. La chaîne est également connue pour être une des principales caisses de résonance de la confrérie des Frères musulmans. Abu Dhabi et Riyad avaient déjà exigé, le 7 juin, du Qatar qu'il modifie sa politique envers les mouvements islamistes radicaux et l'Iran, grand rival régional de l'Arabie Saoudite. Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a pressé hier le Qatar de prendre «au sérieux» la liste de demandes de ses voisins pour une sortie de la crise du Golfe, faute de quoi «le divorce sera effectif». M. Gargash s'est exprimé sur Twitter après des informations de presse selon lesquelles le Koweït, médiateur entre le Qatar et ses adversaires, avait remis à Doha une liste de 13 demandes formulées par ces derniers pour mettre fin à la crise diplomatique en cours depuis le 5 juin. Aucune confirmation officielle n'a pu être obtenue sur cette liste. On indique toutefois que la liste des exigences stipule également que le Qatar doit rompre les liens avec les Frères musulmans et les groupes terroristes, y compris le Hezbollah, Al Qaîda et l'Etat islamique. Les 13 exigences de Riyad Le ministre émirati a accusé le Qatar d'avoir fait «fuiter» la liste des demandes de ses adversaires, ajoutant que Doha «cherche par cette fuite à mettre en échec la médiation» menée par le Koweït. «Il est plus sage que le Qatar prenne au sérieux les demandes et les préoccupations de ses voisins. Autrement, le divorce sera effectif», a-t-il menacé. Doha n'a pas encore réagi, mais avait souligné en début de semaine ne pas vouloir négocier avant la levée des sanctions. Le 5 juin, l'Arabie Saoudite et ses alliés ont décidé non seulement de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, mais aussi de fermer leurs frontières avec l'émirat, l'accusant de soutenir le terrorisme, ce que nient les autorités qataries. Devant la crainte de voir la situation dégénérer dans la région, les Etats-Unis ont entrepris une discrète médiation pour faire baisser la tension et, pourquoi pas, réconcilier les différents protagonistes. Et c'est à Rex Tillerson que cette mission délicate a été confiée. Il est attendu de lui qu'il exploite ses relations personnelles dans la région. Son atout maître : il connaît très bien les Saoudiens et les Qataris. Face à l'entêtement des uns et des autres, il a tapé mardi du poing sur la table avec une déclaration forte. Le Qatar sorti d'affaire ? Contrairement à ce que l'opinion attendait, le département d'Etat a visé Riyad et ses alliés. La diplomatie américaine s'est déclarée «perplexe» devant ce qui justifie l'isolement du petit émirat. «A ce stade, nous faisons face à une question simple : est-ce que ces actions découlaient véritablement de leurs inquiétudes face au soutien présumé du Qatar au terrorisme ?» a asséné la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert. Une déclaration sonnant comme un signal clair que, derrière les propos tonitruants de Donald Trump, Washington reproche en fait à Riyad l'escalade des tensions. Déjà, une semaine plus tôt, en pleine crise, le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, avait signé un contrat de 12 milliards de dollars pour la vente d'avions de combat F-15... au Qatar. Et lors d'une rare apparition devant les caméras, Rex Tillerson avait appelé dès le 9 juin les Saoudiens à «alléger» le blocus. Mercredi, c'est lui qui a encore annoncé que l'Arabie Saoudite et ses alliés avaient préparé une liste de demandes à soumettre au Qatar, soulignant qu'il espérait qu'elles seraient «raisonnables et réalisables». Le Qatar n'a donc plus grand-chose à craindre, puisqu'il bénéficie désormais du parapluie américain.