le siège de la banque d'Algérie La dépréciation du taux de change du dinar vis-à-vis du dollar de près de 20% a joué un rôle d'amortisseur pour limiter l'impact de la chute des prix du pétrole sur la trésorerie du pays. La dégringolade des cours de l'or noir aurait pu être dévastatrice. L'Algérie lui a opposé une résistance remarquable. Son impact sur sa trésorerie a été limité. Le pays dispose d'un confortable bas de laine de près de 110 milliards actuellement. La fabuleuse manne financière dont elle dispose s'est tout de même contractée de 6 milliards de dollars depuis le début de l'année 2017. Le Meeting africain sur l'économétrie qui se tient depuis le 29 juin à Alger et qui doit prendre fin aujourd'hui a donné l'occasion de faire le bilan de l'état de santé de l'économie nationale. «Les réserves de changes de l`Algérie sont de l'ordre de 108 milliards de dollars actuellement...» a indiqué jeudi, en marge de cette rencontre, le gouverneur de la Banque d`Algérie. La dépréciation du taux de change de la monnaie nationale vis-à-vis du billet vert aurait joué un rôle d'amortisseur pour limiter l'impact de la dégringolade des prix du pétrole sur la trésorerie du pays. «Face à la détérioration des fondamentaux de l'économie nationale, la Banque d'Algérie a procédé à une dépréciation du taux de change du dinar vis-à-vis du dollar de près de 20%. Le taux de change a donc joué dans une large mesure son rôle d'amortisseur et de première ligne de défense», a souligné Mohamed Loukal lors de l'ouverture de ce rendez-vous qui a rassemblé des experts de la finance africaine et d'autres pays hors continent. «A l'instar de la plupart des pays exportateurs des hydrocarbures, la forte chute des prix du brut, commencée à la mi-2014, a eu un impact considérable» sur les équilibres macro-économiques de l'Algérie a-t-il indiqué. Les déficits budgétaires ont atteint 15,3% du Produit intérieur brut en 2015 et 13,7% en 2016 selon les chiffres livrés par le patron de la Banque centrale. Qu'en est-il de la sphère monétaire? «Les déficits de la balance des paiements se sont traduits par une contraction des ressources des banques, réduisant la liquidité bancaire de près de 67% en 2 ans, ce qui a amené la Banque d'Algérie à réactiver les instruments classiques de refinancement» a fait savoir l'ex-P-DG de la BEA. Le pays n'a pas attendu d'être rattrapé par la récente crise financière qui a eu pour conséquence de réduire de manière conséquente ses revenus pétroliers. Trois mesures phares prises durant les années 2000 lui ont permis de développer une forte résilience aux chocs externes. Dés 2006 l'Algérie, sur instruction du président de la République a décidé d'éponger sa dette extérieure par une politique de remboursement par anticipation. Ce qui a eu pour effet de consolider sa position financière extérieure. La seconde mesure, a consisté en la création d'un Fonds de régulation des recettes qui avait atteint l'équivalent de 70 milliards de dollars à fin 2014. Une épargne qui a permis de financer la totalité des déficits de 2014 et de 2015 et en partie ceux de 2016. Le successeur de Mohamed Laksaci a également fait part d'un stock de réserves de changes qui avoisinait les 200 milliards de dollars vers la fin de l'année 2013. Soit six mois avant que les prix du pétrole n'aient commencé leur descente en enfer. Elles sont aujourd'hui à peu près au même niveau que celui qu'elles avaient atteint il y a dix ans. En 2007 elles se sont élevées à 110,2 milliards de dollars pour se retrouver, en 2013, à 194 milliards de dollars. L'effondrement des prix du pétrole, la facture salée des importations les ont amputées de quelque 86 milliards de dollars en l'espace de trois années et demie. Le chef de l'Etat a instruit le gouvernement de stopper cette saignée. Abdelaziz Bouteflika a exclu «le recours à l'endettement extérieur» et a recommandé à l'Exécutif «de contenir encore davantage le volume des importations de biens et services à l'effet de préserver les réserves de changes du pays». Un défi que devra relever Abdelmadjid Tebboune.