Le dinar a chuté légèrement par rapport aux principales monnaies, le dollar et l'euro, au cours du premier trimestre de l'année en cours. Les réserves de change sont en train de chuuter. Elles se sont établies à 114 milliards de dollars à fin décembre 2016. En février dernier, elles étaient supérieures à 100 milliards de dollars, c'est ce qu'a indiqué le gouverneur de la banque d'Algérie. A ce rythme, 14 milliards de dollars, en deux mois, ces réserves en devises risquent de fondre d'ici la fin de l'année en cours. Intervenant hier devant le Conseil de la nation, le gouverneur de la Banque d'Algérie, il a présenté les tendances monétaires et financière enregistrées en 2015. Il a également fourni quelques éléments d'orientation sur la politique monétaire en 2016. M. Loukal s'est montré optimiste, déclarant que la situation financière du pays est "relativement bonne". Pour donner du poids à ses affirmations, il a avancé une série d'arguments et de données chiffrés. Ainsi, le gouverneur de la banque des banques a ouvert le chapitre de la monnaie nationale, soulignant que la politique de change a connu une "réelle stabilisation" à partir du troisième trimestre 2016 (110 dinars pour un dollar). Face à l'euro, a-t-il ajouté, le dinar s'est aussi apprécié, la valeur de la monnaie nationale étant passée de 125,6 dinars pour un euro (début mai 2016) à 116,4 à fin décembre dernier. Et, cette tendance au raffermissement s'est poursuivie sur les trois premiers mois de 2017, a-t-il indiqué. En proportion, le dinar s'est déprécié, au cours du premier semestre de 2016, de 2,94% vis-à-vis du dollar et de 4,64% vis-à-vis de l'euro. En fait, la situation est nettement meilleure par rapport à 2015 et 2014, une période évoquée par Mohamed Loukal, rappelant que la détérioration des fondamentaux de l'économie (chute du prix du pétrole, niveau élevé des dépenses publiques et élargissement du différentiel d'inflation entre l'Algérie et ses principaux partenaires commerciaux), en contexte de forte dépréciation des monnaies des principaux pays partenaires vis-à-vis du dollar, notamment en 2015, a entraîné une "dépréciation" du taux de change nominal du dinar d'environ "20%" par rapport au dollar américain et de "3,8%" vis-à-vis de l'euro en 2015. Que fallait-il faire face à une monnaie à la dérive ou presque ? Pour le gouverneur de la Banque centrale, dans une conjoncture pétrolière difficile, le recours à la flexibilité du taux de change, constitue la "première ligne de défense". En effet, poursuit-il, la flexibilité du cours de change du dinar et les interventions de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire de change, ont permis au taux de change du dinar de jouer, dans une large mesure, son rôle "d'amortisseur" de chocs externes. Pour Mohamed Loukal, la "consolidation budgétaire effective" à partir de 2017 ainsi que les perspectives de "stabilisation", voire de "hausse" relative des prix du pétrole, devraient contribuer à asseoir une plus "grande stabilité" du taux de change nominal du dinar. À terme, dit-il, l'élargissement et le renforcement des fondamentaux, à travers la diversification de l'économie et l'amélioration de sa compétitivité, telles que visées dans le cadre du nouveau modèle de croissance, seront "déterminantes" pour soutenir un dinar fort. Autre ajustement positif, selon les termes de Mohamed Loukal : l'inflation évolue dans une bande fluctuante, mais néanmoins acceptable. En chiffres, elle a atteint 6,4% en décembre 2016 et 5,7% en septembre. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a estimé que la conduite de la politique monétaire, notamment à travers l'absorption de l'excès de liquidité bancaire, a permis de contenir davantage de pressions inflationnistes, qui auraient pu se traduire par un niveau d'inflation plus élevé. Par ailleurs, la dette extérieure s'est située à fin 2016 à 3,5 milliards de dollars. Quant aux réserves de change, elles se sont établies à 114 milliards de dollars à fin décembre 2016. En février dernier, elles étaient supérieures à 100 milliards de dollars. Les crédits à l'économie ont été également abordés. Ceux alloués aux grandes entreprises, notamment publiques et mixtes, ont représenté 50,6% du total des crédits à fin 2015 et 52,4% à fin 2016. La situation financière reste toutefois fragile. Et les chiffres avancés par Mohamed Loukal pourraient se révéler décevants, si la chute pétrolière se poursuivait. De fait, la Banque d'Algérie pourrait faire face au risque du miroir aux alouettes, dans une conjoncture changeante. L'hypothèse est plausible, d'autant plus que tous les éléments de la crise sont là. Et, il y a risque de les voir s'aggraver. Youcef Salami