il existe «une forme d'importation déguisée et que le taux d'intégration nationale n'a pas atteint l'objectif escompté» Bedda Mahdjoub a ouvertement critiqué la démarche de son prédécesseur concernant la stratégie menée dans le cadre des projets de montage de véhicules qui, selon le ministre, n'ont pas atteint les objectifs escomptés. La polémique a enflé suite à la déclaration du ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, concernant le montage automobile. Pour rappel, le ministre avait affirmé dimanche dernier que l'activité de montage de véhicules en Algérie était devenue une forme d' «importation déguisée», ce qui nécessite une révision de la réglementation de cette activité, avait-il déclaré. L'évaluation de la filière du montage de véhicules a fait ressortir qu'il existe «une forme d'importation déguisée et que le taux d'intégration nationale n'a pas atteint l'objectif escompté», a-t-il par ailleurs indiqué dans une déclaration à la presse en marge de la clôture de la session parlementaire ordinaire 2016-2017. L'évaluation préliminaire effectuée par le ministère concernant cette activité relève plusieurs dysfonctionnements dont le prix exorbitant des véhicules par rapport aux années précédentes, a précisé le ministre soulignant que le Trésor avait des manques à gagner, outre le fait que les projets actuels de montage de véhicules n'avaient pas réussi à créer le nombre d'emplois fixé. Il est nécessaire de mettre un terme au mode actuel de production dans ce secteur, étant donné que la majorité des entreprises de montage de véhicules n'a pas atteint les objectifs assignés, a encore signifié le ministre. Bedda Mahdjoub jette littéralement un pavé dans la mare au moment où nombre d'acteurs du monde de l'automobile mettent le pied à l'étrier et s'engagent, sous une forme ou une autre, dans l'aventure naissante du montage industriel de véhicules tous gabarits et genres confondus. Pour rappel, des constructeurs de poids, à l'instar du suédois Scania, comptent construire sur du solide et prévoient, via, un groupement d'actionnaires respectant la formule des 49/51%, de s'appuyer sur une filière de sous-traitance viable. Il s'agit ici de Sealynx international, filiale du Groupe GMD, spécialisée dans la fabrication de produits en caoutchouc pour l'étanchéité de carrosseries automobiles, et qui s'installe en Algérie, plus précisément à Oued Tlélat à Oran. Elle fournira les usines automobiles présentes et futures en joints en caoutchouc. Au démarrage, le site qui s'étale sur 12.000 m2 est prévu pour fournir les producteurs en activité en pièces pour les modèles qu'ils commercialisent. Dans un deuxième temps, l'objectif est d'intégrer rapidement au sein de l'usine créée en Algérie les activités futures pour PSA et d'autres constructeurs automobiles ou poids lourds, notamment le suédois Scania. Au démarrage du projet, la production prévue est de 500.000 joints sur 2017, 1.000.000 en 2018 puis à terme la production de plus de 2.000.000 de joints pour les usines Renault et PSA en 2021. En fait, cet exemple, bien que réel, est loin de faire florès, car la filière de la sous-traitance demeure énormément lacunaire, sinon, à peine balbutiante. On nuance néanmoins que la fameuse intégration industrielle est au rendez-vous de facto, à commencer par la création d'emplois en local. Toutefois, la montée au créneau du ministre de l'Industrie et des Mines témoigne de la volonté de l'Etat de ne pas s'accommoder d'intentions. Cependant, certains concessionnaires se défendent d'adopter toute solution de facilité dans ce dossier qui engage l'avenir industriel du pays. Ainsi, Ival, le représentant de la marque transalpine se dit non concerné par la polémique. Ayant fraîchement inauguré son usine à Ouled Hadadj, située à cheval entre la wilaya d'Alger et celle de Boumerdès, Ival produit les modèles de gamme légère Iveco, un utilitaire très prisé sur le marché algérien. Samir Ardjoun, chargé de la communication de l'entreprise, évoque une fidèle adhésion au cahier des charges édicté par les pouvoirs publics. Pour la chaîne de montage du modèle en question, on prévoit plus de 550 opérations dont pas moins d'une centaine effectuées in situ, c'est-à-dire sur le sol algérien. Nous ne faisons ni du SKD ni du DKD, mais bel et bien du CKD poursuit notre interlocuteur qui rappelle un taux d'intégration initial déjà très appréciable conforté par un plan de formation adéquat. L'Association des constructeurs et des concessionnaires automobiles en Algérie(AC2A) n'a pas manqué de réagir suite aux déclarations du ministre relatives à l'activité de montage de véhicules et qui ont été massivement reprises par les médias. L'AC2A tient à ce titre à confirmer son «support» le plus actif aux orientations de développement structurel de l'industrie automobile en Algérie. L'association indique dans son communiqué que l'industrie automobile ne pourra s'ancrer durablement que par la densification d'un véritable réseau de sous-traitance industrielle, accompagné d'un transfert de technologies et d'une politique de formation continue. «L'implication de l'ensemble des parties, le gouvernement et les pouvoirs publics, les investisseurs et les fabricants, est fondamentalement nécessaire pour assurer un développement maîtrisé de cette industrie», est-il relevé. L'industrie automobile, fortement créatrice d'emplois, est un formidable vecteur de développement économique. En ce sens, nous souscrivons à tous les efforts nécessaires par l'ensemble des parties et apportons notre 'support'' à toute action des pouvoirs publics dans l'intérêt de l'Algérie, ajoutent les concessionnaires qui soulignent que l'AC2A n'a de cesse de rappeler que le développement industriel de la pièce de rechange et des composants automobiles est une étape prioritaire dans le développement de l'industrie automobile. Cette industrie fortement structurelle offre par ailleurs des opportunités d'exportation solides pour notre pays. L'implication des PME-PMI est une approche nécessaire pour s'assurer du succès durable de notre industrie», conclut l'AC2A.