Après les mises en garde du Premier ministre, c'est au tour du ministre de l'Industrie et des Mines de mettre encore de la pression sur les concessionnaires de véhicules neufs en Algérie, en leur rappelant leur obligation d'investir dans l'industrie automobile sous peine de retrait de leur agrément. Déjà menacés de mettre la clé sous le paillasson en raison de la baisse drastique de leurs activités de ventes suite au recul des importations, les représentants des firmes étrangères de véhicules n'auront désormais plus le choix : investir ou disparaître dès janvier 2017. Et pour cause, dans une note du département de Bouchouareb, datée du 29 juin dernier, adressée aux concessionnaires et dont notre confrère TSA a obtenu une copie, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb a rappelé aux concessionnaires leur obligation d'investir dans la fabrication ou la sous-traitance automobile, comme le stipule la loi de finances 2014. «Cet investissement doit être réalisé dans un délai maximum de trois ans, à compter de janvier 2014 pour les concessionnaires qui sont en activité. Pour les autres concessionnaires, l'investissement doit être réalisé dans un délai de trois à compter de la date d'octroi de l'agrément définitif », selon la même note qui souligne que «le défaut d'entrée en production à l'expiration des délais suscités, entraine le retrait d'agrément». L'octroi de la prochaine licence pour bénéficier de quotas d'importations de véhicule est désormais subordonné par un engagement des concessionnaires dans des projets industriels. D'ailleurs, le premier responsable du département de l'Industrie n'a pas manqué de les inviter à investir dans la sous-traitance pour bénéficier de licences d'importation. Sous-traitance «Par ailleurs, et eu égard aux potentialités que recèle le domaine de la sous-traitance automobile devant contribuer au développement de l'intégration et de la remontée de la chaîne des valeurs de la filière automobile, je vous invite à examiner les possibilités de développer des activités autour de ce domaine», souligne le ministre. Ceci avant d'ajouter : «Une telle orientation est d'autant plus avantageuse que les potentialités identifiées sont très importantes avec l'installation de grands donneurs d'ordre dans la filière de l'industrie automobile». Cela étant, de Tiaret où il était en visite le 23 juin dernier, le Premier ministre avait lancé un ultimatum aux concessionnaires de véhicules d'investir localement à travers la création de projets industriels, faute de quoi leurs licences d'importation seront retirées en 2017. «Il s'agit de la nouvelle feuille de route du gouvernement pour mettre fin à l'importation», avait insisté Abdelmalek Sellal. Alors que le projet d'usine Peugeot reste bloqué – politiquement -, seuls Renault (depuis novembre 2014) et Hyundai via son second représentant Tahkout sont entrées en production. Renault production de Oued Tlelat (Oran) montait jusqu'à là les modèles Symbol avant de se lancer depuis peu dans le montage de la Dacia Sandero Stepway. Plusieurs autres projets avaient été annoncés suite à la publication du cahier des charges dans le Journal officiel obligeant les concessionnaires automobiles à développer une activité industrielle ou semi-industrielle. C'est le cas du projet d'une usine de montage de véhicules (Volkswagen et Seat) du groupe Sovac pour lequel la firme Allemande Volkswagen a déjà entamé ses négociations avec le gouvernement algérien et de ce fait tend à se concrétiser. Il en est aussi du groupe Ival qui veut installer une usine de montage de camions Iveco, du groupe Saida qui veut ouvrir une usine de montage de camions de marque Scania, et d'Emin auto qui a déjà signé un accord avec JAC pour une future usine de montage de véhicules utilitaires dans la région de Témouchent. Le groupe Hasnaoui, représentant historique de Nissan en Algérie, avait pour sa part annoncé le lancement de son usine de la marque nippone dès la fin de l'année 2016. Le groupe Hahnaoui compte même se lancer dans la sous-traitance en créant une joint-venture avec un partenaire industriel international dans le domaine de la fabrication de composants automobiles en Algérie. Toyota pour sa part compte se lancer dans le montage de camions Hino mais explore également la possibilité de se lancer dans un projet de montage de véhicules Toyota. Cevital, à travers sa filiale Algérie auto industrie, a aussi de grandes ambitions dans l'automobile : produire outre des véhicules, de la carrosserie, des moteurs et des pièces de rechanges. En somme, plus d'une dizaine de projets industriels dans l'automobile dont la plupart ne sont que des effets d'annonce. Alors que les concessionnaires devraient accélérer la concrétisation de leurs projets industriels s'ils ne veulent pas mourir dans six mois.