L'armée coloniale a perdu la guerre. L'ALN est sortie victorieuse de cette guerre. 5 Juillet 1962: retrouvailles après la fin de la guerre; mission accomplie. De gauche à droite: Djoudi Attoumi, Aslat Meziane, Zène Boualem, Si Mouloud, Mezouari Larbi et A Une frénésie s'est emparée de cette foule, en cassant tous les tabous. Les femmes défilaient sans «haïk», les jeunes filles étaient drapées du drapeau national et certains gamins avaient même des tenues militaires à l'image des moudjahidine qu'ils adulaient. Après la proclamation des résultats du référendum sur l'indépendance, une joie immense envahit les gens. Aussitôt, des voitures, des camions, des bus regorgeaient de passagers à travers les fenêtres, les portières et même sur les capots. Les gens s'agglutinaient tels que des guirlandes, sans mesurer les dangers. Les défilés se croisaient, se multipliaient et grossissaient à vue d'oeil dans un tintamarre de klaxons, de youyous et de cris de joie, comme «tahia el Djazaïr». Une frénésie s'est emparée de cette foule, en cassant tous les tabous. Les femmes défilaient sans «haik», les jeunes filles étaient drapées du drapeau national, les garçons et les filles habillés en tenue vert et blanc; certains gamins avaient même des tenues militaires à l'image des moudjahidine qu'ils adulaient. De leurs côtés, les officiers de l'ALN de la région de la Soummam, tels le capitaine Amira Bouaouina, les lieutenants Aslat Méziane, Zane Boualem, Si Mouloud, Hadj Mohand Ouabdallah Ferdjallah et tant d'autres ont arrêté un programme des défilés à Béjaïa, Sidi Aich, Akbou, Aokas, Tichy..... En tenue impeccable, les armes serrées contre le thorax ou sous l'aisselle, les moudjahidine, défilaient fièrement au pas cadencé. La foule les acclamait par des applaudissements et des youyous; elle admirait ces héros qui ont combattu la quatrième puissance mondiale, ces hommes de gloire qui ont gagné la guerre qui, aujourd'hui, exhibaient leur fierté. Descendus de la montagne, ils n'étaient pas habitués à battre le pavé, mais à crapahuter sur les crêtes, à travers monts et vaux. Ils n'étaient pas préparés pour de telles cérémonies et à cette parade pour lesquelles ils ne pensaient jamais qu'ils en feraient partie face à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui applaudissaient à chaque passage d'un détachement de l'ALN. Ces combattants au visage rayonnant de gloire étaient fiers de s'exhiber devant cette population qui s'était entièrement impliquée dans la guerre d'indépendance. Cette foule était également fière de son côté, en admirant ces valeureux moudjahidine, artisans de la victoire sur les forces colonialistes. Et dans la foule, il y avait des femmes et des hommes, des enfants et des vieux qui étouffaient leurs sanglots. Ils n'ont pu s'empêcher de penser aux leurs, à ces maris, à ces pères ou à ces fils qui ne sont jamais revenus et dont ils n'ont eu aucune nouvelle depuis longtemps. Devant cette frénésie, rares sont ceux qui les ont remarqués; malgré leur douleur, ils montraient aussi leur fierté puisque la cause pour laquelle ils se sont sacrifiés a triomphé. Le jour de l'indépendance est arrivé! La fête ne s'arrêtait pas en fin de la journée; elle continua toute la nuit, le lendemain et le surlendemain, sans jamais s'estomper. Ces réjouissances marquaient la fin d'une époque dramatique, la fin de l'ère coloniale et de la guerre. Elles marquaient aussi la renaissance de notre souveraineté, le retour de l'Etat algérien après une éclipse de plus d'un siècle. Le drapeau frappé du croissant et de l'étoile, du vert et rouge flottait désormais sur tous les bâtiments officiels, sur les balcons des maisons et aux fenêtres, sur tous les véhicules. Des passants épuisés par tant de frénésie se détachaient progressivement de la cohue pour marcher d'un pas las vers leurs maisons, mais en brandissant toujours le drapeau, tel un trophée.