Une nouvelle carte du monde se dessine. Les attentats du 11 septembre ont réveillé brutalement la conscience du monde sur les dangers planétaires que représente le terrorisme organisé. Tétanisés par l'ampleur spectaculaire du drame américain, les pays occidentaux se sont pliés corps et armes aux exigences de Bush. Il faut désormais faire un front commun contre le terrorisme, qui, dans le cas présent, prend un emballage théologico-politique insaisissable. L'islamisme a été de fait placé dans la ligne de mire des puissants de ce monde. Pourtant, depuis le début des années quatre-vingt, les Etats arabo-musulmans ont eu à souffrir de cette contestation violente au nom de l'islam. Le Machrek, le Maghreb, les pays du Golfe et la Vallée du Nil ont été secoués par les turbulences islamistes. Qu'ils aient été socialistes, capitalistes, totalitaires, théocratiques, communistes, monarchiques ou militaires, les régimes arabes ont connu tous, sans exception, la contestation fondamentaliste au nom de l'islam. Pour l'Occident, ces mouvements étaient autant de partis d'opposition, et il a fallu que des avions s'écrasent sur les symboles de la puissance militaire et économique américaines, pour que le monde découvre, horrifié et fasciné à la fois, qu'en matière d'opposition on ne peut faire pire. Dès 1991, l'Algérie a commencé à lancer des messages envers la communauté internationale sur les dangers que représente, pour la démocratie et la modernité, la prise de pouvoir par les fondamentalistes religieux. Pionnière en matière de lutte antiterroriste à grande échelle, l'Algérie a été à la base de tout le programme élaboré par le Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, lequel a condamné à plusieurs occasions le terrorisme sous toutes ses formes et toutes les formes de soutien matériel et moral qui lui sont apportés. Des mesures concrètes ont été prises à ce sujet. En janvier 1996, le Conseil des ministres arabes de l'Intérieur avait adopté un Code de conduite arabe de lutte contre le terrorisme, ainsi qu'une stratégie arabe de lute contre ce fléau, en janvier 1997. Pour la mise en oeuvre de cette stratégie, le Conseil a adopté deux plans périodiques s'étalant sur trois années chacun: 1998-2000, 2001-2003. Une convention arabe de lutte contre le terrorisme a été signée au Caire, le 22 avril 1998, au siège de la Ligue arabe. Le 7 mai 1999, cette convention est entré en vigueur après que sept Etats arabes, constituant le tiers des Etats membres, eurent ratifiée. A ce jour seize Etats se sont joints à la convention, ce qui constitue un chiffre jamais égalé dans d'autres conventions arabes concernant d'autres domaines. Une année avant les attaques terroristes contre Washington et New York, Ali Tounsi, le directeur général de la Sûreté nationale affirmait à Tunis, alors qu'il présidait les travaux du 24e congrès des responsables de la police et de la sécurité arabes : «La lutte contre le terrorisme revêt une importance capitale au moment où le monde connaît des transformations profondes. Ces transformations ont généré de nouveaux modèles de criminalité qualifiées de «crimes organisés» et qui sont très souvent liés à la violence et au terrorisme. Cet état de fait nous contraint à prendre des mesures efficaces afin d'endiguer ce fléau, comme il nous pousse à réfléchir à trouver des mécanismes nouveaux et urgents afin de nous en prémunir.» Au début de la même année, soit en janvier 2000 et lors de la 17e session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur qu'il présidait à l'occasion, Noureddine Yazid Zerhouni exigeait que soit immédiatement élaboré «un système de liaison interarabes», efficace et concret, «parce que la sécurité de tout Etat arabe est liée à la sécurité de tous les autres Etats dans leur globalité». En dix ans de lutte antiterroriste, les services de sécurité algériens ont acquis un capital incontournable de connaissance et de maîtrise du dossier terroriste. Avec un peu plus de stabillité au niveau des structures de réflexion, de planification et de mise en oeuvre des méthodes et moyens de lutte antiterroriste, l'Algérie peut et doit être la locomotive d'un vaste réseau performant et efficace. Acculés dans le monde occidental, les extrémistes terroristes se tourneront vers leur pays d'origine. Demain, ils seront des centaines, des milliers à retourner au Yémen, au Koweït, en Arabie Saoudite, en Egypte, en Jordanie ou en Tunisie. Demain, la maîtrise de la lutte antiterroriste sera un produit hautement exportable.