La célèbre, très fréquentée et hautement sécurisée île de Bali a connu, hier, l'horreur. Au moins 182 personnes, dont de très nombreux touristes occidentaux, ont péri déchiquetés ou carbonisés, et 132 autres blessées par l'explosion d'une voiture piégée, hier, dans un night-club et un bar restaurant dans l'île touristique indonésienne de Bali. Cet attentat, le plus terrible depuis ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, a visé un quartier très fréquenté par les étrangers et où se trouve ce «paradis pour touristes» venus notamment d'Australie, des Etats-Unis et d'Europe. Des corps calcinés, déchiquetés, des personnes courant dans tous les sens les vêtements en feu, d'autres tétanisées par l'horreur: la célèbre station touristique de Bali, appelée aussi «l'île des Dieux», s'est transformée, en quelque secondes, en un véritable enfer pour des centaines de touristes étrangers et d'autochtones. Or, jusqu'ici, Bali, une île à forte majorité hindouiste, avait la réputation d'être un lieu sûr et hautement sécurisé, n'ayant pas été touchée par les précédents attentats à la bombe, qui ont frappé l'Indonésie, depuis deux ans. Dans ce pays musulman, le plus peuplé du monde, les premiers soupçons, pour ne pas dire accusations, se sont orientés vers la mouvance islamiste, et, partant, vers la nouvelle et énigmatique obsession des pays occidentaux, en l'occurrence, ce qu'ils qualifient de réseau terroriste mondial d'Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden. C'est ainsi que le groupe islamiste Jemaah islamiyah (JI), désigné par le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, comme susceptible d'être responsable de l'attentat serait, selon lui, lié aux réseaux de Ben Laden. Néanmoins, pour l'instant aucun élément ne permet d'identifier clairement le ou les auteurs ou commanditaires du forfait. Cependant, les observateurs auront relevé que dans cette guerre des pays occidentaux, contre ce qu'ils ont vite fait d'appeler le terrorisme mondial, les événements se sont bousculés ces dernières semaines. De fait, ces derniers jours ont été marqués par un regain de violence. Ainsi, peut-on relever, du golfe d'Aden, avec l'attentat qui a visé le super pétrolier français le «Limburg» sans faire de victimes, au Golfe arabique où le contingent américain stationné au Koweït a été visé par un assaut faisant un mort et un blessé parmi le corps des Marines, ou encore la fermeture préventive, samedi, de l'aéroport international de Kaboul en raison «d'une possibilité de tirs contre des avions», en passant par le spectaculaire attentat à la bombe dans la lointaine et très calme capitale finlandaise Helsinki qui a fait 8 morts et près d'une centaine de blessés. Dès lors, les interrogations penchent ainsi vers des liens extérieurs, les ingrédients d'une prolifération d'actes visant les intérêts, les représentations ou les symboles occidentaux, commencent à devenir le thème central de l'actualité internationale. Il est vrai, que de l'autre côté aussi,-et sur fond d'une volonté publiquement affichée par les adversaires déclarés du monde arabe et musulman, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et Israël, de faire la guerre à un pays arabe uniquement parce que le régime politique de ce dernier ne leur plaît pas-les écarts d'actions et de langage émanant de certains officiels occidentaux n'ont point contribué à rassurer ceux qui s'estiment humiliés dans leurs croyances religieuses et leurs lieux sacrés. Le président américain, George W.Bush en personne, a pris, la semaine dernière, une mesure dont le moins que l'on puisse dire est très provocatrice à l'égard des musulmans du monde entier. Il a signé, au début du mois, la loi sur le budget du département d'Etat pour l'année fiscale 2003, qui intègre une disposition reconnaissant El-Qods comme capitale d'Israël. Combiné aux propos de tous ceux qui se moquent publiquement de la religion islamique dont le Prophète Mohamed vient d'être qualifié de «terroriste» par des pasteurs télé-évangélistes américains, ce genre de déclarations et de décisions ne fait que nourrir l'extrémisme et donc des attentats, semblables à celui qui vient d'endeuiller la paisible Bali, ont, dès lors, de fortes chances de se répéter.