La révision de la tarification de l'eau n'est pas à l'ordre du jour pour l'heure, mais il est tout à fait clair qu'elle va s'inscrire dans la démarche globale du gouvernement s'agissant de la réorganisation des subventions. «L 'eau est un bien public, chercher à en profiter illicitement est tout simplement un vol.» C'est ainsi que le ministre des Ressources en eau Hocine Necib a décrit hier la pratique du piquage illicite sur les réseaux AEP lors d'une conférence de presse qu'il a animée en marge d'un regroupement avec ses cadres au siège du ministère. A ce titre, «le ministère des Ressources en eau ne va pas lâcher les 'voleurs'' de l'eau pris en flagrant délit», a-t-il dit. Le nombre de ces derniers, selon le ministre, est de 2000. «En fait, le ministère a pu interpeller 6000 personnes impliquées. Nous avons pu régler à l'amiable 3000 dossiers, 1000 autres sont à l'étude, et les 2000 restants sont devant la justice», a indiqué le ministre, précisant que parmi ces 6000 dossiers, il y a aussi bien des particuliers que des industriels. Pour lutter contre ce phénomène, le ministère compte renforcer la police des eaux, a fait savoir le conférencier. S'exprimant en outre sur la question des créances que détient encore l'ADE auprès de ses clients, Hocine Necib a souligné qu'il y a lieu de faire la part des choses par rapport à cette question. «En effet, il y a des créances remontant à la période de la création de l'ADE en 2001 et celles récentes. Le total de ces créances est de 40 milliards de DA. Ce qui nous intéresse maintenant, nous en tant que ministère est le recouvrement des créances récentes. Celles-ci sont estimées à 14 milliards de DA. La majeure partie de ces créances sont détenues par des établissements publics et des collectivités locales», a-t-il précisé, ajoutant que dans certaines wilayas le payement des factures de l'eau ces dernières années est honoré par les ménages à 100%. Répondant par ailleurs à la question relative à l'intention du ministère de revoir la tarification de l'eau, suite à la volonté du gouvernement de revoir la subvention de certains produits, le ministre des Ressources en eau a déclaré «que la question n'est pas à l'ordre du jour pour le moment, mais il est tout à fait clair que la révision de la tarification de l'eau va s'inscrire dans la démarche globale du gouvernement s'agissant de la réorganisation des subventions». Abordant ensuite la question de la persistance de certains points noirs, tels que les fuites d'eau et les pannes ayant trait aux pompes à eau dans certaines localités, le conférencier a fait savoir que le ministère a procédé au recensement de ces points et il a installé une cellule de veille au niveau du ministère. «La remédiation à ces points se fera en coordination avec les walis et les autorités locales.» Cette façon de faire reste toutefois pour le ministre une solution temporaire. «Car la solution pérenne pour ces points noirs passera par le transfert total de la gestion de l'eau à l'Algérienne des eaux. «Il reste pour le moment 575 communes dont la gestion de l'eau dépend encore d'elles», a-t-il indiqué. Le passage total de la gestion de l'eau à l'ADE, aura lieu, selon le ministre, au maximum dans deux ans. Le ministère tient à cette idée, explique Hocine Necib, pour deux raisons. «La professionnalisation de la gestion de l'eau et l'uniformisation de cette dernière à travers le pays.» Interrogé en outre sur la capacité de l'Etat à mener à terme les projets inscrits dans le secteur des ressources en eau, maintenant que les capacités financières de l'Etat ont reculé, le ministre a répondu par «oui nous en sommes capables». «Certes, le budget de notre ministère a été réduit, mais nous avons de quoi mener nos projets à terme. Nous n'allons pas bien évidemment continuer à réaliser avec la même cadence qu'auparavant, mais nous allons quand même réaliser les projets prioritaires», a-t-il affirmé, invitant les journalistes à visiter par eux-mêmes la poursuite de la réalisation des grands transferts d'eau et celle des forages inscrits au profit de plusieurs wilayas. L'Etat continuera aussi à réaliser les projets inscrits concernant l'irrigation. «Nous n'allons peut-être pas honorer l'objectif tracé par le gouvernement, à savoir un million d'hectares irrigués. Mais, je peux vous assurer que les projets entamés iront tous à terme». Abordant enfin les précautions que son département a prises pour faire face à la saison estivale, Hocine Necib a souligné que le ministère prépare toujours à l'avance la saison estivale. «Outre les instructions que nous donnons à nos services, afin d'intervenir au moindre désagrément signalé, nous prévoyons aussi un système de citernage, afin d'alimenter les populations en cas de perturbation dans l'alimentation ou de fuite.» Parlant des fuites dont le nombre augmente en été, le ministre a fait savoir que la raison principale de ces fuites, est la vétusté des réseaux. Pour y remédier, «le ministère a pris des mesures pour rénover le maximum possible des réseaux».