Le siège de l'APN Finalement et avec l'avènement des nouveaux mécanismes, la nouvelle Constitution met entre les mains de l'opposition parlementaire de réels leviers qui lui permettent d'exercer une pression sur le gouvernement. De sérieuses tractations ont lieu entre les députés de l'opposition en vue de constituer une commission d'enquête devant élucider les détails que recèle la déclaration du Premier ministre Tebboune et dont l'intitulé a porté sur les milliards engloutis au cours de la dernière décennie. Le clou a, rappelons-le, encore été enfoncé par le ministre de l'Industrie Mahdjoub Bedda qui a ouvertement critiqué la démarche de son prédécesseur concernant la stratégie menée dans le cadre des projets de montage de véhicules qui, selon le lui, n'ont pas atteint les objectifs escomptés. Un vrai pavé dans la mare. La polémique a d'ailleurs enflé jusqu'à remettre en question les fameux projets de montage automobile. Il est finalement attendu que les promoteurs de cette initiative entament une collecte de signatures, après concertation avec les groupes parlementaires désireux de percer le secret des 70 milliards de DA, surtout que la nouvelle Constitution octroie une noria de mécanismes à l'opposition au sein de l'assemblée et qui la rendent capable de «demander des comptes» au gouvernement. Bien que les initiateurs de cette action appréhendent quelques obstacles sur leur chemin en quête de la vérité, ils entendent aller loin avec leur commission, appuyés en cela par des partisans FLN qui s'empressent de solder quelques passifs avec leurs rivaux, notamment ceux du RND. Tout un nouveau canevas réglementaire régit, désormais, la relation entre le Parlement et le gouvernement, via la loi organique. L'article 78 est à ce titre éloquent puisqu'il stipule la création par l'Assemblée populaire nationale ou le Sénat d'une commission d'enquête sur la base du vote d'une plate-forme à déposer auprès du bureau de l'assemblée ou celui du Sénat pour paraphe. En cas de tentative non concluante, l'opposition pourra abandonner ce premier mécanisme et recourir à l'article 114 de la constitution, lequel lui attribue les prérogatives de participer effectivement aux travaux parlementaires et à la vie politique. La nouvelle loi fondamentale du pays octroie finalement de réels pouvoirs de contrôle à l'opposition pour peu que celle-ci sache jouer des espaces d'expression qui lui sont alloués par les textes inédits, notamment dans son article 114. En effet, l'Exécutif aura tout le mal du monde à se défaire du contrôle que ne manqueront pas d'exercer sur lui les groupes parlementaires, animés par la volonté de dénoncer les fausses routes du pouvoir. La toute dernière déclaration du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et dont l'intitulé a porté sur les 70 milliards de DA alloués à l'investissement et dont l'impact aura été nul, a eu l'effet d'une bombe, dont l'onde de choc se propage encore. Pour rappel, c'est devant les sénateurs que le Premier ministre a littéralement fait part de l'échec de la politique d'investissement menée par l'ancien staff gouvernemental. Ce fut lors de la présentation de la politique du gouvernement qu'il avait signifié que l'Etat qui a consacré un budget de 70 milliards de DA au cours de ces dernières années à l'investissement n'a pas récolté les fruits de cette manne. «Ni le secteur en a profité ni les citoyens ont vu leur niveau de vie amélioré», a-t-il lancé en juin dernier. Aussi, nombre de sénateurs se sont empressés de se saisir de ce dossier et ont constitué une commission d'enquête afin d'édifier l'opinion sur le sort de cet argent qui a coulé à flots mais dont le rendement n'a pas été à la hauteur des attentes des pouvoirs publics. Ainsi, l'on croit savoir que figure ici et au premier chef, la clause stipulant que chaque chambre du Parlement doive consacrer une assise mensuelle pour discuter le programme présenté par un ou des groupes parlementaires de l'opposition. Bien que le système interne de l'Assemblée populaire nationale ne soit pas encore modifié, et n'aborde pas encore cet aspect, il est fort à parier que la priorité sera, en septembre prochain, celle des affaires internes. Par le truchement de ces facteurs favorisants, l'opposition aura donc toutes les chances de son côté pour faire valoir sa priorité à elle, c'est-à-dire faire pression pour que ses doléances soient entendues et débattues par le maximum de participants à la faveur de ces séances mensuelles de débat. Autrement dit, le gouvernement aura à compter sérieusement avec une opposition mieux armée pour faire valoir ses arguments. Finalement et avec l'avènement des nouveaux mécanismes, la nouvelle Constitution met entre les mains de l'opposition parlementaire de réels leviers qui lui permettent d'exercer une pression sur le gouvernement.