Le peuple irakien célébrait hier la libération de Mossoul, occupée depuis 2014, par le groupe terroriste Daesh «Etat islamique» Les forces irakiennes tentaient hier d'éliminer l'ultime poche de résistance jihadiste à Mossoul après la visite du Premier ministre dans la ville dévastée, où il a félicité les troupes pour la «victoire». Haider al-Abadi a toutefois prévenu dimanche soir qu'il ne proclamerait officiellement la libération totale de l'ancien bastion du groupe Etat islamique (EI) qu'une fois que les derniers jihadistes auront été éliminés. De «violents» affrontements étaient en cours hier dans le réduit d'environ 200 m sur 100 m où sont retranchés les derniers jihadistes dans la vieille ville, selon le général Sami al-Aridhi, un des commandants des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS). «Ils (les jihadistes) n'acceptent pas de se rendre. Ils crient 'Nous ne nous rendrons pas, nous voulons mourir''», a-t-il ajouté. Mais «les opérations sont dans leur phase finale» et «il est probable que (les combats) se terminent aujourd'hui», a-t-il jugé. Le général Aridhi a indiqué que ses troupes avaient été renseignées sur la présence d'entre 3.000 et 4.000 civils dans la poche jihadiste mais ce chiffre n'a pas pu être confirmé de source indépendante. Dimanche, le Premier ministre Abadi avait jugé la victoire «certaine» et chargé les forces de sécurité d'établir la sécurité dans la ville et de la débarrasser des mines et explosifs. A Baghdad, sur la place Tahrir, des habitants ont fêté dans la nuit de dimanche à lundi la reprise de la deuxième ville d'Irak par les forces irakiennes, soutenues dans leur offensive de près de neuf mois par la coalition internationale dirigée par Washington. Il s'agit du plus important succès de Baghdad depuis que le groupe extrémiste sunnite s'était emparé en 2014 de vastes portions du territoire irakien, dont la grande ville du nord du pays. Elle ne porte toutefois pas le coup de grâce à l'EI, qui détient toujours des portions de territoires en Irak, et des secteurs plus importants encore en Syrie, même s'il a également perdu du terrain dans ce pays depuis 2015 et que son fief de Raqqa est assiégé par l'armée syrienne et des forces soutenues par les Etats-Unis. Le groupe ultraradical conserve également les capacités de mener des attentats à la bombe meurtriers. La victoire à Mossoul, aboutissement d'une offensive lancée en octobre, a été obtenue au prix de la vie de soldats et civils, d'une crise humanitaire énorme et de destructions colossales, spécialement dans la vieille ville. Près d'un million de civils ont fui la ville depuis le début de l'offensive et 700.000 d'entre eux sont toujours déplacés, selon l'ONU. Ceux qui sont restés piégés longtemps dans la ville ont vécu dans des conditions «terribles», subissant pénuries, bombardements et intenses combats, et servant de «boucliers humains» à l'EI, d'après l'ONU. Des photos montrent l'ampleur des dégâts dans la vieille ville. Plus un toit ne semble tenir en place, nombre de bâtiments sont complètement aplatis et des coupoles sont percées de trous d'obus, laissant présager que la reconstruction prendra du temps. «Il est probable que des milliers de personnes vont devoir rester déplacées pendant plusieurs mois», a prévenu le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) hier dans un communiqué. «Beaucoup n'ont de plus maison et les services de base comme l'eau et l'électricité, ainsi que les infrastructures comme les écoles et les hôpitaux, ont besoin d'être reconstruits ou réparés», a expliqué le HCR. Vingt-huit organisations humanitaires présentes en Irak, dont Oxfam et Save the children, ont publié un communiqué demandant aux autorités de ne pas forcer les déplacés à rentrer chez eux et exhortant la communauté internationale à soutenir la reconstruction. Mossoul était un symbole pour l'EI: son chef Abou Bakr al-Baghdadi y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation d'un «califat» sur les territoires conquis en Irak et en Syrie.