Malgré une production d'un milliard de litres de lait cru, l'Algérie se trouve dans l'obligation d'importer Il a présidé trois Conseils interministériels au cours desquels ont été passés au crible des secteurs qui ont révélé des dysfonctionnements qui l'ont conduit à carrément ajourner certains projets. Dans la démarche de Abdelmadjid Tebboune il y a comme quelque chose qui dit qu'il faut faire vite. Très vite. Pas de temps à perdre. Le temps presse. Mais faire vite ne veut pas dire non plus qu'il faut faire du travail bâclé, de ne pas déceler ce qui ne va pas. La preuve: le Premier ministre a présidé trois Conseils interministériels, en l'espace de cinq jours, au cours desquels ont été passés au crible des secteurs qui ont révélé des dysfonctionnements qui l'ont conduit à carrément ajourner certains projets... Le premier s'est tenu le 11 juillet en présence des ministres de l'Intérieur et des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Nour-Eddine Bedoui, des Finances, Abderrahmane Raouïa, et de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, Il a porté sur le foncier industriel avec comme objectif l'évaluation de la situation des zones industrielles et des zones d'activités. Le diagnostic a révélé que les choses n'avançaient pas comme cela aurait dû être. Plus de 11.000 hectares de réserves foncières destinées à l'investissement sont restés en situation de non -exploitation, dont 13.977 parcelles couvrant une superficie de 5530 ha non attribuées, se composant de 2773 ha au niveau des zones industrielles et de 2757 ha au niveau des zones d'activités. 15.140 parcelles destinées à l'investissement, ont par contre été attribuées mais sont étrangement demeurées exploitées. Un constat qui a conduit le successeur de Abdelmalek Sellal à demander un rapport détaillé aux ministères directement concernés «sur la faisabilité ou non des zones industrielles nouvelles proposées par le ministre de l'Industrie et des Mines, et de préparer également les projets de textes nécessaires à la bonne utilisation et gestion du foncier disponible». Un document qui doit lui être remis dans une dizaine de jours...Le second Conseil interministériel dédié au secteur de la santé s'est déroulé le 15 juillet. Les ministres des Finances, de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et des Relations avec le Parlement y ont pris part. L'examen des questions liées «à l'enrichissement du projet de loi relative à la santé et à la rémunération et aux marges bénéficiaires des pharmaciens d'officine», ont été au centre de cette réunion. Elle s'est terminée sur un coup de tonnerre. Le projet de loi relatif à la santé a été «ajourné sine die»! Quant à la question des marges bénéficiaires des pharmaciens d'officine, le Premier ministre «a instruit les parties présentes de constituer une commission regroupant les acteurs concernés (ministères de la Santé et du Travail, Cnas, Snapo et l'Ordre des pharmaciens) pour discuter de tous les points en suspens et de lui soumettre leurs conclusions». Le troisième Conseil interministériel présidé par le patron de l'Exécutif le 17 juillet a été consacré à la filière ô combien sensible du lait. Malgré une production d'un milliard de litres de lait cru, l'Algérie se trouve dans l'obligation d'importer quelque 300.000 tonnes de poudre de lait. Pour faire face à une demande de plus en plus croissante. Leur répartition à parts égales entre les privés et l'Onil (Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers) n'a pas suffi à éloigner le spectre des pénuries. Les contraintes et dysfonctionnements qui caractérisent cette filière, ont conduit le Premier ministre à instruire le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui, pour procéder à la constitution d'un groupe d'experts afin de «déterminer les facteurs à l'origine des dysfonctionnements périodiques constatés dans la gestion du marché des produits laitiers, et de définir les mesures préalables à prendre, en première instance, en vue d'assurer toutes les conditions nécessaires au contrôle et à la régulation des activités liées». Des mesures qui portent la griffe de Tebboune et qui signent la fin du bricolage.