un artiste hors pair Le défunt Blaoui Houari était un artiste polyvalent jusqu'au bout des ongles. Le monde artistique local et national est en deuil. Le célèbre auteur compositeur, Blaoui Houari, n'est plus. Il est décédé hier matin, à l'âge de 91 ans, après avoir longuement résisté à la méchante maladie ayant fini par avoir raison de lui. Il est le précurseur de la chanson algérienne, en particulier la chanson oranaise et le raï moderne. Cet artiste, hors pair, est né le 23 janvier 1926 à Sidi Blel, pas loin du centre-ville. Blaoui El Houari était, tel que décrit par son entourage, un artiste polyvalent jusqu'au bout des ongles. Il a affiché ses ambitions alors qu'il n'était encore qu'un môme. C'est ainsi qu'à l'âge de 4 ans, il a accédé au monde de l'art par la grande porte en faisant ses premiers pas dans le domicile familial. Ce fut d'abord son père Mohamed Tazi, un mélomane, jouant de la kouitra, qui l'a initié à la musique. Ayant pris le relais, son frère aîné Kouider lui fera découvrir les notes d'un autre instrument alliant le banjo et la mandoline. Encore adolescent, Blaoui El Houari ne s'arrêta pas à mi-chemin après avoir reçu la dose lui ayant permis d'accéder au carré des artistes en faisant ses premiers pas vers la célébrité. Agé de 13 ans, l'artiste est déjà envoûté par les différents chants dont il s'est imprégné, en se lançant dans le café de son père qui était le fief des musiciens locaux et orientaux venant d'un peu partout pour se faire valoir et démontrer leur talent. Un tel passage l'a mûri davantage pour que l'artiste prenne son destin en main, en se donnant à fond dans un chant qu'il paraphera de sa propre signature, le chant oranais. Ce fut l'une des plus grandes aventures dans laquelle il s'est lancé, sachant à l'avance que la réussite est tributaire de ce qu'il peut produire, vu la profusion de chanteurs et artistes de notoriété dont les noms sont connus par le commun des mortels. Ayant à peine 20 ans voilà que Blaoui Houari devient un artiste aguerri, occupant une place de souveraineté sur la scène locale. D'aucuns Oranais des années 1940 ne pouvaient manquer son spectacle, notamment ceux qu'il animait à l'occasion des différentes cérémonies, les mariages, les circoncisions, les fêtes familiales. Sa célébrité dépassera le seuil de l'Oranie. C'est en 1949 que Mahieddine Bachtarzi jugera utile de lui confier la formation et la direction de l'orchestre en charge d'animer, tous les 15 jours durant six mois, la Saison de l'opéra d'Oran. Et ce fut le prélude vers l'internationalisation de sa cause en passant à la production. En 1953, Blaoui Houari passe aux studios et enregistre sa première oeuvre, un disque de 45 tours. Et depuis, il ne cessera pas d'inonder la scène artistique, tout en enrichissant son répertoire, estimé à pas moins de 500 chansons. Sa discographie comprend à ce jour, une trentaine de disques 78, 33 et 45 tours, ainsi que plusieurs dizaines de cassettes audio et des dizaines de vidéo. «Un véritable centre de recherches», dira l'un de ses fans. Il ne s'arrêta pas à mi-chemin, le défunt, l'icône du genre wahrani et l'une des figures emblématiques de la chanson algérienne. Car, il a, pendant très longtemps, été le compositeur attitré de Abderrahmane Aziz, Mohamed Lamari, Djalti, Saliha Saghira, Derkaoui, Serrour Hasni. Son oeuvre a fait figure de tremplin pour d'autres chanteurs et artistes comme le groupe Raïna Raï, cheb Khaled, cheb Sahraoui, cheb Benchenet. Ami d'enfance du chahid Zabana, il composera sur les paroles de cheikh Chérif Hamani écrites le jour-même de l'exécution de Hmida le 19 juin 1956, une oeuvre à sa mémoire. Du haut de ses 90 ans, Blaoui El Houari n'a pas cessé de produire. L'une de ses dernières compositions est la musique du générique du festival de la chanson oranaise. L'oeuvre est un hymne à la ville d'Oran qu'il a intitulé «Wahrane, Wahrane». Terrassé par la maladie, il a été contraint de s'éloigner des médias et des feux de la rampe durant plusieurs mois avant de rendre l'âme, hier matin. Repose en paix l'artiste! Message du président Bouteflika à la famille du défunt «La famille artistique a perdu une sommité» Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message de condoléances à la famille du défunt Blaoui Houari, dans lequel il a souligné que «l'Algérie et la scène artistique et culturelle viennent de perdre une sommité qui a contribué, des décennies durant, au développement du goût artistique national et humain». «C'est avec une profonde affliction que j`ai appris la nouvelle du décès du grand chantre Blaoui Houari, puisse Dieu lui accorder Sa Sainte Miséricorde et l'accueillir en Son Vaste Paradis», a écrit le président Bouteflika dans son message. «L'Algérie et la scène artistique et culturelle perdent en lui une sommité qui a contribué, des décennies durant, au développement du goût national et humain. Le défunt était une source inépuisable de créativité qui enrichit le répertoire national avec une variété de compositions musicales de différents styles et genres. De même qu'il a formé plusieurs jeunes talents qui ont brillé sur la scène artistique et contribué à la promotion de la musique dans notre pays. Il fut de cette trempe d'artistes algériens dont les chansons resteront gravées à jamais dans les mémoires», lit-on dans le message. «Blaoui Houari nous quitte aujourd'hui, mais sa musique subtile, au rythme raffiné, ne cessera de marquer l'histoire de l'art et d'inspirer les créateurs», a ajouté le président Bouteflika.