El Bahia a vécu de grands moments Cheikh Benaïssa a émerveillé les spectateurs en leur présentant la chanson rythmée intitulée Mimouna, la création de cette oeuvre remonte à près d'un siècle. Le retour à la source est une vertu. Cette maxime, engagée dans le Festival de la chanson oranaise, a bien trouvé un terrain d'application dans la ville d'Oran. Cette évidence a été attestée par l'engouement des jeunes artistes de l'Oranie, tous désireux prendre part au concours des meilleures voix, interprétant la chanson oranaise. Quelque 40 candidats ont participé à la présélection qui a abouti à l'élection de 12 finalistes qui ont tous pris part aux soirées du festival. Le verdict a été donné jeudi soir à l'occasion de la clôture de la 6e édition du Festival de la chanson et de la musique raï. Le jeune Belkheir Mustapha est suivi de Belhadj Belkacem alors que la troisième place est revenue à Redouane Adda. Le chanteur Messabih El Houari s'est taillé le Prix de la chanson de la saison, titre instauré cette année. Auparavant, ce sont plusieurs artistes qui ont été honorés à titre posthume. Il s'agit de Chabane Bendhiba, Kloucha Ali et le défunt Mir Ali. L'artiste comédienne Berhaoui Rahmouna, connue sous le nom de Rabha, a été honorée. Elle a mis l'ambiance lors de la clôture de la soirée finale en chantant de sa belle voix tout en dansant, la chanson Douri Wahrane. Rabha, âgée de 67 ans, a joué dans plusieurs films algériens comme ceux de l'Inspecteur Tahar. Elle a eu à travailler également avec plusieurs chanteurs Guerrouabi, Djilali Hadad, Nora et tant d'autres. Le chant oranais n'a rien à envier avec les autres musiques que l'on croit faussement prépondérantes dans la scène artistique locale et nationale comme le raï. Le Festival de la chanson oranaise a révélé une telle tendance lorsque tous les chanteurs ont, pendant près d'une semaine, émerveillé le public venu en nombre important. Jeudi soir, Cheikh Benaïssa, ce vieux routier du chant proprement oranais, a émerveillé les spectateurs en leur présentant la chanson rythmée intitulée Mimouna. Cette oeuvre, dont la création remonte à près d'un siècle, a fait le succès de tous les artistes et troupes l'interprétant comme les Raïna Raï qui l'ont reprise et lui ont donné un arrangement rythmé sans toucher à son verbe. La soirée de la clôture a servi de tribune pour le chanteur Hasni Seghir qui a rendu hommage à cheb Akil et le roi de la chanson sentimentale, le défunt cheb Hasni. Hasni Seghir, qui s'est éclipsé de la scène artistique ces dernières années, est revenu triomphalement jeudi soir en proposant une série de chansons sentimentales plongeant les spectateurs dans l'extase totale. Houari El Galb signe la fin de la soirée en proposant, lui aussi, une pléiade de chansons qui ont incité les présents à jubiler et danser dans tous les sens. La 6e édition a été marquée par le maillage de la modernité et l'authenticité. Les Oranais, qui ont suivi le festival, ont pu redécouvrir le chant bedoui interprété par l'enfant de Chlef, Cheikh Bendenia. Ce dernier, a, en toute fierté, défié le raï dans son fief lorsque les compagnons de Bendenia, vêtus de tenues traditionnelles, sont montés sur scène avec comme instruments la gasba et le gallal. Les présents, notamment les jeunes, ont été surpris lorsque de la boîte à rythme lâchait des sonorités mêlées aux «maqmates» d'un chant dit pourtant distant du chant moderne. Les spectateurs ne sont pas restés sur leur faim en se mettant à jubiler. Les quelques raïmans, rodant dans l'arrière-scène du Théâtre de verdure se sont, eux aussi, branchés, question de s'inspirer un tant soit peu. En tout cas, les raïmans sont très réputés pour être des «aras» en reprenant toute oeuvre susceptible de faire, aussi bien recette, que succès. Cheikh Bendenia a, à l'issue de son show, indiqué que «le chant bedoui est le père légitime de tous les chants de l'Oranie». Ce dernier est producteur d'une dizaine de disques de 45 tours, trois cassettes et tout récemment un CD, a ajouté que «malheureusement, le style bedoui est en disparition dans la wilaya de Chlef faute d'interprètes». L'Oranie compte aujourd'hui plus d'une centaine d'interprètes du bedoui dont le célèbre Cheikh Bouguirati dans la wilaya de Mostaganem. Les meddahate, appelées fkirate dans l'Algérois, n'étaient pas en reste en marquant de leurs empreintes, l'événement oranais. A deux reprises, elles ont eu droit à de forts applaudissements émanant d'un public composé dans sa majorité de jeunes. Globalement, le festival a été marqué par la prestation fournie par de jeunes chanteurs qui ont immortalisé les hymnes de Wahby, Saber, Blaoui El Houari, Cheikh Fethi. D'autres, comme Abdellah Marseille se sont mis dans la création. Idem pour Messabih El Hadj qui a, malgré son jeune âge et sa voix envoutante, fuit le raï et les musiques tapageuses en optant pour le chant oranais et la création tout en se référant aux oeuvres de Blaoui El Houari et Ahmed Wahby. Mohamad Cherigui, ce jeune artiste talentueux jusqu'au bout des ongles, s'est ingénié dans sa création en mêlant le mandole au rythme de la chanson oranaise sachant que cet instrument est utilisé exclusivement dans le chaâbi et la chanson kabyle. La nouveauté cette année a consisté en la décentralisation du festival vers six communes, à savoir Boutlélis, Aïn El Turck, Bousfer, El Ançor, Gdyel et Arzew. La mission a été confiée au célèbre chef d'orchestre El Bey Bekaï.