il a été celui dont la vie politique se confondait avec l'histoire du Parti. Celui qui a marqué de sa personnalité le plus ancien parti politique algérien qu'est le FLN, aura été sans conteste Mohamed Chérif Messaâdia. De tous les premiers responsables qui se sont succédé à la tête du Front depuis un demi-siècle, il a été celui qui a duré le plus longtemps, mais aussi celui dont la vie politique se confond avec l'histoire du parti. Si aujourd'hui Ali Benflis est l'homme de la refondation, Messaadia, lui, a été celui de la consolidation et de l'ancrage dans la société algérienne. Bien avant d'en prendre la direction en 1980, Mohamed Chérif Messaâdia avait, dès la fin des années 60, joué un rôle déterminant au sein du FLN. A l'époque et bien que n'ayant en charge que le «département orientation et information», il réussissait à imposer sa vision de grandeur qu'il vouait au parti qui avait libéré le pays. Le responsable de «l'appareil du parti» d'alors, M.Kaïd Ahmed, se retrouvait souvent incapable de contenir la forte personnalité de M.Messaâdia. Et dès qu'il prit les rênes du FLN à la mort du Président Boumediene, il entreprit de donner toute la puissance au parti qui dirigeait en fait le pays. Véritable n° 2 du pouvoir en Algérie bien avant la mise en place des institutions constitutionnelles, il n'a eu de cesse à imposer le FLN dans la vie politique du pays dans son ensemble. Adulé par les uns, combattu par les autres, l'homme ne laissait jamais indifférent. Mettant sous la coupe du FLN tous les rouages de l'Etat, il comprit le premier la nécessité d'assainir les rangs du parti gangrené par les différentes vagues d'infiltration qui avaient débouché sur ce qui était pudiquement désigné par «différentes sensibilités». Pour ce faire, l'histoire retiendra sa paternité du fameux article 120 qui faisait obligation à tous les cadres de la nation de se structurer à l'intérieur du parti. Cette «purge» visait surtout les éléments du Pags (communistes) qui avaient fait de l'entrisme leur principale stratégie. Ceux-ci ne lui pardonneront jamais leur mise à l'écart. Très vive fut leur satisfaction lors de la «mise à mort» du FLN au lendemain des événements d'Octobre 1988 et du retrait de la scène politique de Messaâdia. Une «traversée du désert» qui dura plus d'une décennie et au cours de laquelle l'opposition de gauche, revancharde, n'a cessé son «matraquage» de l'opinion pour présenter Messaâdia comme l'homme qui était à l'origine de tous les maux qui affectaient le pays. Inébranlable et militant convaincu du bien fondé de la haute mission qu'il avait accomplie, Messaâdia accepta dignement sa «mise à la retraite». Juste retour des choses à leur cours normal, l'ancien secrétaire permanent du comité central du FLN est rappelé aux affaires par Bouteflika en qualité de sénateur sur la liste des désignés par le Président de la République avant d'être élu par ses pairs au perchoir de l'honorable assemblée. Il retrouva ainsi sa place de numéro 2 et la consécration de ses qualités d'homme politique au service de son pays. Que ses adversaires l'affublent de tous les noms d'oiseaux n'influe en rien sur le formidable travail qu'il avait fourni pour la cause nationale et permis le maintien du cap énoncé dans la déclaration de Novembre. A cette légitimité révolutionnaire de Messaâdia, succède aujourd'hui la légitimité populaire de Benflis. A l'accent péjoratif de «pensée unique» attribué au FLN par le passé, a succédé sa prééminence par les urnes. Aujourd'hui le FLN est majoritaire au Parlement et dans les Assemblées communales. Mohamed Chérif Messaâdia aura eu le temps, avant de s'éteindre, de constater ce choix exprimé par les électeurs. Il peut reposer en paix.