Trouver le moyen efficace de booster les exportations au lieu de s'acharner à limiter les importations Les chiffres relatifs aux importations de produits stratégiques montrent l'incompressibilité de la facture. La facture d'importation pour les produits alimentaires dits sensibles a fait un bond qui appelle quelques inquiétudes des observateurs. Le cas de la poudre de lait est le plus significatif puisque le Trésor public a été sollicité à hauteur de 763,5 millions de dollars sur les six premiers mois de l'année en cours. A la même période de l'année dernière, la facture s'élevait à 495,2 millions de dollars. En proportion, la hausse est de 54,2%. Plus du double donc, dans un contexte baissier des prix du pétrole, mais surtout dans un environnement au sein de la filière où dit-on, les investissements sont en augmentation régulière. Il faut savoir en effet, que selon les déclarations des ministres de l'Agriculture, faites en 2015 et 2016, la filière lait devrait être autosuffisante en termes de production nationale. En tenant compte de ce genre de déclaration, la logique aurait été une baisse progressive des importations. Mais ce qu'on constate, c'est tout à fait le contraire. Cette hausse plus qu'inquiétante des importations de la poudre de lait est venue alourdir la facture globale qui est montée en six mois à 4,44 milliards de dollars, contre 4,05 milliards de dollars au même semestre de 2016. L'autre produit qui a connu une hausse importante de sa facture d'importation, malgré sa soumission aux licences d'importation est le sucre et ses dérivés. L'Algérie a dépensé pour 585,2 millions de dollars pour les six premiers mois de 2017, contre 416,7 millions de dollars. L'augmentation est donc de 40,44%. Le même principe s'est appliqué aux huiles destinées à l'industrie alimentaire, mais avec une proportion moindre, de l'ordre de 24,4%. La facture d'importation est passée de 369 millions de dollars en 2016 à 459 millions de dollars en 2017. Ces chiffres démontrent que l'on n'est pas dans une logique de baisse des importations, bien au contraire. Les dernières mesures de suspension d'importations de certains produits prises par le gouvernement ne sauraient rattraper la tendance haussière que connaissent les importations de produits de large consommation. Dans le lot, les céréales, bien que ce soit le poste le plus onéreux, tirent quelque peu leur épingle du jeu avec une hausse de la facture de quelque 5%. Le montant des importations est passé de 1, 39 milliard de dollars en 2016 à 1,47 milliard en 2017. Le café, le thé, les légumes secs et les viandes ont tous connu une courbe haussière de leurs factures à l'importation. Les augmentations varient de 10 à 24%, selon le produit. On est dans l'un des postes à l'importation les plus sensibles et qui pèse annuellement plus de 8 milliards de dollars. Le premier semestre donne déjà la tendance pour l'année qui devrait être dans les mêmes proportions que l'année précédente avec une légère hausse. Mais, selon les observateurs, il n'y a pas de quoi se réjouir, notamment pour ce qui concerne les céréales. Jusqu'à aujourd'hui, le pays bénéficie d'une tendance baissière à l'international des prix des céréales, mais n'est pas à l'abri d'une flambée subite, alourdissant dangereusement la facture alimentaire. Le point positif dans le bilan partiel du Centre national de l'informatique et des statistiques de la douane, concerne la facture d'importation des médicaments. Celle-ci est passée «à 883,57 millions de dollars au premier semestre de 2017, contre 998,4 millions de dollars durant la même période de 2016», rapporte le Cnis. La baisse est donc de 11,5%. Ceci n'augure pas une baisse de la facture annuelle, sachant que les professionnels du médicament prédisent une augmentation régulière de la facture, sachant les besoins grandissants du pays en médicaments anticancéreux. En définitif, les chiffres des importations de ces produits stratégiques montrent l'incompressibilité de la facture et imposent au gouvernement de trouver le moyen efficace de booster les exportations au lieu de s'acharner à limiter des importations qui finiront immanquablement par augmenter. S. B.