Les auditions au Congrès, sur l'affaire russe où est impliqué Jared Kushner (photo) gendre du président Trump, ont débuté hier Le Congrès américain a commencé à interroger lundi soir Jared Kushner, gendre et très proche conseiller de Donald Trump, sur ses liens avec la Russie avant et après l'élection présidentielle de 2016, mais les séances restent, pour l'instant, à huis clos. Après plus de deux heures devant la commission du Renseignement du Sénat lundi, Jared Kushner se rendait hier devant la commission équivalente de la Chambre des représentants, qui enquête pour déterminer si la campagne russe présumée de désinformation et de piratage contre Hillary Clinton a reçu des appuis au sein de l'équipe Trump. Le mari de la fille du président Ivanka, premier de la garde rapprochée du milliardaire à s'expliquer devant les parlementaires, a nié en bloc la moindre connivence. «Tous mes actes ont été appropriés, dans le cadre normal d'une campagne sans équivalent», a déclaré le conseiller, habituellement muet en public, devant les caméras à son retour à la Maison-Blanche. «Je n'ai pas commis de collusion avec la Russie, et je ne connais personne au sein de l'équipe de campagne qui l'ait fait. Je n'ai eu aucun contact inapproprié», a-t-il répété. Il avait auparavant publié une déclaration écrite de onze pages à l'attention du Congrès détaillant ses rencontres et interactions avec plusieurs Russes l'an dernier. Jared Kushner confirme qu'il a bien vu l'ambassadeur russe aux Etats-Unis deux fois ainsi qu'un grand banquier proche de Vladimir Poutine, Sergueï Gorkov, à sa demande. Il se souvient aussi d'avoir participé quelques minutes à une étrange réunion avec une avocate russe organisée par son beau-frère, Donald Trump Jr., en juin 2016. Quatre rencontres au total. Mais il replace ces réunions dans le contexte de milliers de rendez-vous, coups de fils et messages échangés dans une période frénétique. Il raconte que son beau-père lui a demandé d'être le point de contact de la campagne pour les gouvernements étrangers et qu'à ce titre, il a eu plus d'une centaine de contacts avec des responsables de plus de 20 pays avant et après l'élection. Et jamais, assure-t-il, la question des sanctions américaines contre Moscou n'a été évoquée. Son message, à chaque fois, a été de proposer un nouveau départ dans la relation bilatérale. «Je n'ai pas eu de contacts inappropriés. Je ne dépendais pas de fonds russes pour financer mes affaires dans le secteur privé», martèle aussi M. Kushner. Une phrase «à l'évidence élaborée par un avocat malin tentant de protéger son client», a ironisé le sénateur démocrate Ron Wyden, qui affirme que Jared Kushner joue sur les mots et n'a pas tout dit sur ses liens financiers avec des personnes et entités liées à la Russie. «Les déclarations de M. Kushner n'ont que peu de poids, étant donné son refus de témoigner en public et sous serment», a aussi tancé l'élu démocrate Raul Grijalva. Jared Kushner n'est pas le seul à intéresser les élus, dont les enquêtes s'ajoutent à celle du procureur spécial Robert Mueller. Le fils aîné du milliardaire, Donald Jr., est actuellement en négociation avec le Congrès pour donner sa version des faits. Pour l'instant, il a réussi à éviter une audition publique, mais c'est l'objectif de nombreux parlementaires, démocrates comme républicains. Il lui est reproché d'avoir invité à la Trump Tower l'avocate russe Natalia Veselnitskaya. Elle lui avait été présentée par un intermédiaire comme porteuse d'informations compromettantes du gouvernement russe sur Hillary Clinton - bien qu'à la fin, elle n'ait apparemment pas été en possession de telles informations. Paul Manafort, ancien chef de la campagne, est également appelé à témoigner, mais aucune date n'a encore été négociée. «Des assignations seront sans doute nécessaires pour forcer Trump Jr. et Paul Manafort à témoigner», a averti le démocrate Richard Blumenthal, membre de la commission de la Justice, lundi sur MSNBC. La «chasse aux sorcières» dénoncée par Donald Trump se poursuit donc malgré ses admonestations. Il a tweeté lundi que les commissions feraient mieux d'enquêter sur Hillary Clinton. Mais au Congrès, les élus n'ont aucune tolérance pour la Russie. Pendant ce temps, le président a continué de critiquer son ministre de la Justice, Jeff Sessions, auquel il a reproché la semaine dernière de s'être récusé dans l'enquête sur l'affaire russe. Lundi matin, il a même évoqué un ministre «assiégé» dans un tweet. Le Washington Post a affirmé lundi soir que cet ancien soutien de la première heure pourrait être renvoyé, et des noms circulent déjà pour le remplacer comme le sénateur texan Ted Cruz ou l'ancien maire de New York Rudy Giuliani. Le site Axios a affirmé que M. Trump envisageait de nommer M. Giuliani à la place de M. Sessions. Mais M. Giuliani a démenti cette information et a déclaré que M. Sessions avait pris «la bonne décision» lorsqu'il s'était récusé, selon la chaîne de télévision CNN.