Est-ce le début de la fin de cette industrie naissante Le Premier ministre a décidé de «geler» tous les futurs projets de montage automobile tout en appelant les trois marques déjà installées à se conformer au nouveau cahier des charges. Incroyable retournement de situation! Le gouvernement ne veut plus de l'industrie de montage automobile! En effet, le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a demandé au ministère de l'Industrie de «différer l'étude des projets de montage industriels nouveaux», annonce le Premier ministère dans un communiqué publié, hier, après un Conseil interministériel sur le montage industriel des véhicules qui s'est tenu la veille. «Le Premier ministre a instruit les secteurs directement concernés en vue de différer l'étude des projets de montage industriels nouveaux et de procéder à l'élaboration d'un nouveau cahier des charges par le ministère de l'Industrie et des Mines en concertation avec l'ensemble des parties impliquées, à l'exemple des secteurs des finances, du commerce, des douanes et des banques», note le communiqué. Ce conseil de «guerre» qui a vu la présence notamment des ministres, respectivement, des finances, de l'Industrie et des Mines et du Commerce, ainsi que du représentant du ministère de la Défense nationale, du gouverneur de la Banque d'Algérie et du représentant de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), semble enterrer définitivement cette industrie naissante mais qui s'est transformée en véritable «souk» en l'absence d'une réglementation claire. Car, même si le gouvernement n'a pour le moment «gelé» que les futures usines qui sont à l'étude telles que Fiat Chrysler, Toyota et KIA, il est clair que Renault, Hyundaï et Volkswagen, qui ont déjà ouvert leur usines, vont devoir se conformer au nouveau cahier des charges s'il ne veulent pas mettre la clé sous le paillasson. Surtout que le communiqué de la chefferie du gouvernement les pointe directement du doigt! Jugez-en de vous-même: «Lors de cette réunion, le ministre de l'Industrie et des Mines a présenté un exposé portant sur les conditions réglementaires, techniques et organisationnelles régissant actuellement la réalisation des chaînes industrielles de montage des véhicules automobiles. Les principaux acteurs et intervenants dans cette sphère d'activité ont ensuite relevé les failles et autres incohérences qui la caractérisent.» Tebboune va encore plus loin en soulignant, en son nom la nécessité de parvenir à la conception d'un instrument juridique qui soit susceptible de susciter l'émergence, dans l'environnement économique national, de structures productives aptes à garantir et à favoriser la création d'un véritable marché de la sous-traitance nationale à même d'assurer un niveau d'intégration qui soit satisfaisant, la réduction de la facture des importations, la création d'emplois et l'introduction de la notion d'équilibre et de proportionnalité d'exonération des taxes et impôts et du taux d'intégration». Comprendre par là que les hautes autorités soutiennent leur ministre de l'Industrie dans son assimilation des projets de montage de voitures à une forme d'«importations déguisées». Mahdjoub Bedda s'était dit mécontent face à un faible taux d'intégration, soit de pièces fabriquées sur place. Selon lui, le taux d'intégration local est encore relativement bas, alors qu'il devrait être, selon les plans, de 15% trois ans après le début de la production. Le ministre de l'Industrie et des Mines avait pourtant joué à l'apaisement, dimanche dernier, en publiant sur la page facebook de son département les grandes lignes du nouveau cahier des charges. Mahdjoub Bedda a montré sa volonté de ne pas aller au «clash» avec les acteurs de cette activité en assurant que cette «Bible» de l'industrie automobile se fera en concertation avec tous les partis concernés. Il était allé plus loin avec les fabricants automobiles sur le fait que la transition entre les deux cahiers des charges se fera en douceur. Mais c'etait sans compter sur Abdelmadjid Tebboune qui préfère la méthode...forte!