Les Etats-Unis ont remis vendredi soir aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui priverait la Corée du Nord d'un milliard de dollars de revenus provenant d'exportations, en riposte à ses programmes balistique et nucléaire. Selon des diplomates, un vote sur ces nouvelles sanctions portant notamment sur le charbon et les fruits de mer pourrait intervenir dès hier. Et les Américains ont bon espoir de ne pas se heurter à un veto chinois ou russe. Ce nouveau projet de résolution vise à pousser Pyongyang à la négociation après son premier tir d'un missile intercontinental le 4 juillet, jugé par les grandes puissances menaçant pour la sécurité mondiale. La Corée du Nord avait procédé le 28 juillet au tir d'un deuxième engin similaire. Selon les mêmes diplomates, le projet de résolution vise aussi à empêcher les exportations nord-coréennes de fer et de plomb. En revanche, elles ne concernent pas le secteur pétrolier, comme un temps évoqué, a indiqué un diplomate au fait des négociations. Le texte «impose une interdiction dans des pans entiers des exportations» nord-coréennes, a fait valoir ce diplomate sous couvert d'anonymat. L'ensemble des sanctions envisagées conduira à priver la Corée du Nord «d'un milliard de dollars de recettes» venant de ses exportations, si les nouvelles mesures sont adoptées et réellement respectées par tous les membres des Nations unies, a-t-il ajouté. Selon lui, les exportations nord-coréennes rapportent au pays chaque année jusqu'à présent trois milliards de dollars. La résolution proposée par Washington prévoit aussi l'interdiction de tous nouveaux joint-ventures entre des entreprises étrangères et nord-coréennes et l'arrêt de tout investissement supplémentaire dans celles qui existent déjà. Le texte interdit aussi à la Corée du Nord d'envoyer de nouveaux travailleurs à l'étranger, selon un diplomate spécialiste du dossier. Les navires nord-coréens qui violeraient les résolutions de l'ONU seraient interdits d'entrée dans les ports de tous les pays, prévoit aussi le projet de texte américain. Les Etats-Unis discutent depuis début juillet avec la Chine pour imposer de nouvelles sanctions sévères à la Corée du Nord, dont Pékin est le principal soutien. Le premier tir nord-coréen d'un missile intercontinental est intervenu le jour de la fête nationale américaine. Le tir effectué à la fin juillet avait relancé les inquiétudes sur la capacité de Pyongyang, détenteur de la bombe nucléaire, à développer un engin capable de toucher les Etats-Unis. Ces derniers jours, Washington avait multiplié les pressions à l'égard de la Chine et de la Russie pour souligner que le temps des discussions était fini et qu'il fallait passer à l'action au Conseil de sécurité. Washington est assez confiant dans la possibilité d'avoir le soutien de Pékin et Moscou pour l'adoption de son projet de résolution, selon des diplomates. Dotée d'un droit de veto, la Russie a récemment mis en garde contre de nouvelles mesures qui aggraverait la crise humanitaire en Corée du Nord. Pour cette résolution, «la clé est à Pékin (et un peu à Moscou)», estime un diplomate occidental. Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen en 2006, l'ONU a imposé six trains de sanctions à la Corée du Nord, dont deux nettement plus sévères que les précédents l'an dernier.