Il faut être réellement amnésique pour ne pas se souvenir des couvertures tendancieuses de la chaîne de radio Médi I. Dans son réquisitoire contre la presse nationale, l'ambassadeur du Maroc a fait montre d'une amnésie caractérisée. En effet, en traitant les journalistes algériens d'extraterrestres, façon d'affirmer qu'ils sont loin des réalités de la région, le diplomate marocain feint d'ignorer que les attaques plus qu'acides sont d'abord le fait de la presse de Sa Majesté qui, tout au long des années 90, n'a pas raté l'occasion de jeter l'huile sur le feu algérien. Et il faut être réellement amnésique pour ne pas se souvenir des couvertures tendancieuses de la chaîne de radio Médi I qui qualifiait le pouvoir à Alger de «junte militaire», tout en alimentant la thèse du «qui tue qui?». Cette radio de triste mémoire, pour ce qui concerne l'Algérie, avait et a toujours, faut-il le rappeler, une flopée de titres de presse et autres médias audiovisuels prêts à se lancer dans une guerre contre l'Algérie au moindre signal du Makhzen. La presse algérienne que l'ambassadeur accuse de torpiller la dynamique de rapprochement entre Alger et Rabat, ne fait en réalité que réagir aux attaques des confrères marocains qui, souvent, vont loin dans leurs critiques et du régime et de la société algérienne. En fait et au lendemain de l'échec du Sommet de l'UMA de Tripoli, l'on s'attendait à une réaction plus mesurée de la part du chef de la représentation diplomatique marocaine en poste à Alger. Or, il semble que le discours officiel du Maroc n'ait pas changé d'un iota malgré l'importance des aspects économiques qui lie les deux pays et dont l'ambassadeur a reconnu la pertinence. Sans doute déçu de voir la presse algérienne dans son ensemble prendre fait et cause pour l'option de l'autodetermination du peuple sahraoui, épousant par là même, la thèse défendue par l'Algérie au plan officiel, le diplomate de sa Majesté a tenté de trouver dans les quotidiens nationaux, le bouc émissaire parfait pour expliquer une situation dont seul le Maroc est responsable. Et pour cause, la décision d'instaurer le visa, les humiliations des Algériens qui ont suivi, ont bel et bien été salués par la presse marocaine, alors qu'on ne vienne pas aujourd'hui dire que les titres de la presse algérienne sont des pyromanes. En la matière, il faut admettre que jusqu'à dernièrement, les journaux marocains passent pour des maîtres. La dernière campagne lancée contre le nucléaire algérien atteste d'une volonté de placer l'Algérie dans une situation difficile sur la scène internationale. Et pour rafraîchir la mémoire de l'ambassadeur de Sa Majesté, il n'y a qu'à l'inviter à lire le nombre d'articles écrits en Algérie sur le programme nucléaire marocain. Très peu, presque pas d'articles du tout.