Un tribunal français a accordé une pension à vie à un ancien militaire. Les essais nucléaires français, dans le Sahara algérien, notamment sur la base de Hammaguir, (Reggane) et à In Ekker (Tamanrasset) n'ont pas livré tous leurs secrets. Plus de trois décennies après cet autre crime contre l'humanité qui vient s'ajouter à la collection macabre de l'armée coloniale, la France officielle refuse toujours de reconnaître les victimes de ces essais nucléaires, véritables «cobayes» humains utilisés par l'armée coloniale à des fins expérimentales et qui continuent vainement de réclamer justice à leurs bourreaux, dont certains sont toujours en vie. Pourtant, hier, un tribunal français - usant dans le deux poids, deux mesures - a accordé une pension d'invalidité à vie à un ancien militaire atteint d'une maladie liée, selon lui, à sa participation à des essais nucléaires en Algérie. Une première en France «qui donne espoir à de nombreux autres plaignants», estime-t-on côté français. Ce qui n'est pas le cas pour les victimes algériennes, dont un grand nombre ont été transportées sur les lieux des essais, sans être informées de la raison de leur déplacement. Cependant, la reconnaissance par la justice française de l'effet dévastateur des «gerboises» (nom donné à deux de ces essais ouvrira une brèche aux victimes algériennes pour faire valoir leurs droits. André Mézières, 65 ans, qui souffre depuis cinq sans de polymyosite, maladie qui touche le système musculaire et qui le paralyse petit à petit, se battait depuis deux ans pour obtenir réparation. «C'est la première fois en France qu'un tribunal de pensions militaires reconnaît en première instance que la maladie du vétéran est imputable au service», a souligné Jean-Louis Vallatx, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires qui recense 200 dossiers de ce type en cours d'examen par la justice française. Un «avantage» dont les victimes algériennes de ces essais nucléaires ne peuvent malheureusement pas bénéficier, malgré moult interpellations de la part des organisations des droits de l'homme algériennes et étrangères. Il convient de rappeler que, jusqu'à présent, des dizaines de bébés naissent chaque année aussi bien à Tamanrasset qu'à Adrar avec des malformations congénitales dues aux radiations.