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Reggane et In Ekker témoignent toujours des «effets positifs» de la colonisation française
Cinquantenaire des essais nucléaires français en Algérie
Publié dans La Tribune le 13 - 02 - 2010

Sûre de sa mission «civilisatrice» et désireuse de construire un empire puissant pouvant rivaliser avec les grandes puissances de l'heure, la France entreprend, dès 1830, de s'emparer de la totalité du territoire algérien. Expropriations, massacres, crimes contre l'humanité, tout est légitimé par une certaine idée du progrès et la nécessité d'une Algérie «française». Les crimes coloniaux atteignent leur apogée quand la France des droits de l'Homme décide de se doter de l'arme nucléaire. Le 22 juillet 1958, le général de Gaulle fixe la date de la première explosion expérimentale au 1er trimestre 1960. Les armées avaient déjà créé en février 1956 le Groupe d'études des expérimentations spéciales sous la direction du commandant des armes spéciales de l'armée de terre et, en juillet 1957, elles décidaient d'implanter un champ de tirs nucléaires près de Reggane, petite oasis située à 150 km d'Adrar, dans le Sud algérien.
Le programme a commencé par l'installation de la base vie des militaires français 12 km à l'est de Reggane. Une base qui a compté près de 3 000 hommes. Et malgré le moratoire décidé en 1958 par les Etats-Unis, l'ex-URSS et la Grande Bretagne interdisant les essais nucléaires atmosphériques, la France éclenche sa première série d'essais atmosphériques, utilisant des bombes au plutonium et à l'uranium. Les tirs étaient effectués à partir d'une tour. Sous le nom de code «Gerboise bleue», le 13 février 1960, à 7h04, à 40 km au sud de Reggane, avait lieu le premier tir nucléaire français, la bombe atomique française ou bombe A. D'autres explosions aériennes ont suivi au même endroit, «Gerboise blanche», le 1er avril 1960, «Gerboise rouge», le 27 décembre 1960 et «Gerboise verte», le 25 avril 1961. Lors de ce dernier tir du 25 avril 1961, la bombe n'explosa pas conformément aux directives, 195 soldats furent irradiés dont une dizaine mourront contaminés. Sur les populations autochtones, rien ne sera dit. A partir du 7 novembre 1961, les autorités françaises décidèrent d'effectuer les prochains tirs atomiques dans des galeries souterraines creusées dans les montagnes du désert, au Hoggar, notamment à In Ekker, 150 km au nord de Tamanrasset, dans le Sud-Ouest algérien. L'objectif étant d'éviter toute contamination de l'environnement car toute «la poussière dégagée au cours de l'explosion ainsi que les gaz radioactifs étaient ainsi confinés dans le cône d'éboulis formé à l'intérieur de la chambre après l'explosion et devaient se fixer dans les roches, du moins en théorie». Cependant, le succès attendu fut un autre échec, lors du deuxième tir, celui de Béryl, en date du 1er mai 1962. L'explosion souterraine provoqua l'écroulement de la montagne et libéra un nuage radioactif dans l'atmosphère. Le nuage radioactif de l'accident Béryl atteignit 2 600 m d'altitude et fut suivi sur une distance d'au moins 600 km. Parmi les victimes, seulement 17 sont répertoriées et mortes de leucémie.
Le tir suivant baptisé «Emeraude» en date du 18 mars 1963, libère également de la radioactivité dans l'air. De novembre 1961 à février 1966, treize tirs en galerie ont été effectués, dont quatre n'ont pas été totalement contenus ou confinés. Les noms de code des tirs : «Agathe», «Béryl», «Améthyste», «Rubis»,
«Emeraude» etc. En 1966, après l'indépendance de l'Algérie, la France abandonna ses expériences au Sahara selon les accords d'Evian. Ces opérations étant un secret bien gardé, aucun avertissement n'a été donné à la population locale pour se prémunir contre les effets de la radioactivité. Pis. Les populations ont servi de cobayes. Malgré la connaissance des risques et traumatismes majeurs encourus par une population si proche de l'épicentre, avec déjà une idée après les centaines de milliers de victimes à Hiroshima et Nagasaki, aucun scrupule n'a secoué les consciences des promoteurs de la «mission civilisatrice» et des «effets positifs de la colonisation française».Les effets des essais nucléaires, atmosphériques à Reggane et souterrains à Tamanrasset, continuent à se faire ressentir avec des pathologies caractéristiques des radiations. Bien que les morts n'aient pas été recensés, les maladies sont évidentes même chez les animaux. Ainsi, comme démontré par de nombreuses études, les populations de Reggane et d´In Ekker à Tamanrasset souffrent encore des effets de ces essais qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré de graves maladies. Selon les données françaises, 24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions sans compter la population de la région. Le nombre réel est certainement beaucoup plus important que celui reconnu fficiellement par les Français. Ceux qui ne sont pas morts souffrent aujourd'hui de maladies nombreuses, dont des cancers du sang, de la thyroïde, de la bouche, du poumon, de la peau, des glaucomes, des problèmes cardiaques. Sans le savoir, ils ont même transmis des affections génétiques à leur descendance.
Les «irradiés de la République des droits de l'Homme», algériens et français victimes des essais nucléaires en Algérie, ont tous le droit de réclamer réparation. Outre la réparation matérielle pour les victimes, l'Etat algérien est en droit de réclamer, de son côté, la décontamination de ces lieux qui demeurent hautement radioactifs. Cinquante ans après ces essais nucléaires, il subsiste des zones radioactives qui continuent de poser des problèmes sanitaires. Un rapport établi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en 2005 relève 4 zones contaminées, autour des essais «Gerboise blanche et bleue» et au sortir des tunnels des essais «Béryl» et «Améthyste» dans le massif Tan Afella. La radioactivité résiduelle y est toujours forte. Avant leur départ en 1966, les Français n'avaient construit qu'une clôture pour empêcher l'accès aux lieux des essais souterrains. La puissance des vents sahariens a certainement dispersé les éléments radioactifs sur une très grande surface. Ces essais ont ainsi provoqué des catastrophes environnementales et humanitaires que l'Etat français ne reconnaît qu'à demi-mot après le dépôt de plainte des soldats français irradiés. Et c'est ce même Etat français qui se dit aujourd'hui scandalisé par la volonté de certains députés algériens de criminaliser la colonisation française. Quand la France se décidera-t-elle enfin à reconnaître tous les crimes commis au nom de la République sur tout un peuple dont la descendance continue de subir les conséquences de cette colonisation barbare des «civilisateurs» qui a atteint son paroxysme ? Quand la France aura-t-elle enfin honte de son passé colonial en Algérie ?
G. H.


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