Sa mollesse face aux «suprémacistes» blancs états-uniens ne laissait pas de surprendre, comme cela a été le cas, vendredi dernier, lorsque Trump a évité de condamner les violences de néonazis à Charlottesville en Virginie, aux Etats-Unis. En fait, chaque jour qui passe, dévoile un peu plus de l'énigmatique quarante-cinquième président des Etats-Unis. Tenir le haut de l'affiche! Ce n'est certes pas évident. C'est ce que réalise depuis le 20 janvier 2017 - date d'investiture à la Maison-Blanche - le président Trump. A coups de discours incendiaires, de tweets intempestifs et vengeurs, l'hôte de la Maison-Blanche ne se laissait pas oublier, tenant en haleine les médias qui ont fait de ses sorties leurs choux gras. Pour Trump, c'est l'essentiel: on parle de lui. Dans sa «guerre des mots» avec le président nord-coréen, Kim Jong-Un, ses propos ont volé au ras des pâquerettes. N'empêche! Cela peut aussi, se retourner contre lui, comme c'était le cas samedi lorsqu'il menaça le Venezuela d'une «intervention militaire». Cela hérissa les dirigeants latino-américains qui, solidaires avec le Venezuela, condamnèrent les propos bellicistes du président états-unien, alors qu'ils avaient, quelques jours plus tôt, marginalisé le président Nicolas Maduro, du fait de la crise politique que traverse son pays. A trop en faire, on finit par indisposer, y compris ses amis. Vendredi, les violences de Charlottesville ont dévoilé - ou réaffirmé - une facette obscure du président Trump: sa proximité avec l'extrême droite élitiste états-unienne dont une majorité avait (d'ailleurs) soutenu sa campagne présidentielle. Ainsi, après les violences suscitées par les suprémacistes blancs et les néonazis - induisant la mort d'une femme de 32 ans - le président Trump, mélangeant racistes et antiracistes s'est gardé de condamner clairement les «suprémacistes» blancs renvoyant dos-à-dos les uns et les autres. C'est en fait là l'un des traits de caractère du président états-unien qui s'est signalé, dès sa prise de pouvoir, par sa propension à mettre en avant l'«Amérique d'abord» avec de forts relents xénophobes (cf; son décret interdisant l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de pays musulmans). Président atypique, fort en gueule, certes, - cela semble amuser les foules - mais un chef d'Etat raciste (?), cela interpelle. L'affaire de Charlottesville a provoqué les critiques de la société civile et des politiciens états-uniens, estimant que M. Trump est trop indulgent avec les racistes et porteurs de haine. Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, a même dit qu'il aurait souhaité «entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs». Un porte-parole de la Maison-Blanche tenta, dimanche, d'amortir le coup en assurant que le président est contre «la haine et le racisme». Mais, c'est la Maison-Blanche qui l'affirme, Donald Trump ne l'a toujours pas tweeté, alors qu'il use de son compte Twitter à tout propos. Confronté depuis son arrivée au pouvoir aux dérapages de son patron, l'équipe de Trump déclarait quelques jours avant sa prise de pouvoir: «Le président élu a toujours dénoncé le racisme sous toutes ses formes, et il a été élu parce qu'il sera un leader pour tous les Américains.» Sans doute! Il n'en reste pas moins que les observateurs et analystes relèvent que depuis l'élection de Trump, les actes de haine et de racisme assumés se sont multipliés aux Etats-Unis. Faut-il s'en étonner, alors que, candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump a mis du temps à récuser le soutien du sulfureux ex-leader du Ku Klux Klan, David Duke. Autre fait, l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, l'ultra-populiste, Stephen «Steve» Bannon, proche des milieux de l'extrême droite, a été nommé par Trump, «Haut conseiller» et «chef de la stratégie» de l'administration républicaine. Ce qui fait de cet «homme dangereux» (dixit le magazine US du business Bloomberg) «l'un des hommes les plus puissants et influents» des Etats-Unis. Or, un président ne peut être qu'à l'image des gens avec lesquels il s'entoure. Et c'est une image très à droite que Trump donne de lui sur l'échiquier politique des Etats-Unis. Plus, le président Trump, ne s'est, à aucun moment, démarqué des discours de haine que professent certains de ses soutiens. Comment pouvait-il, dès lors, clairement condamner l'exhibition haineuse des néonazis à Charlottesville?