La délivrance des visas est en train de battre tous les records On se souvient que, l'année dernière, un représentant personnel de la chancelière allemande Angela Merkel, coordinateur du gouvernement fédéral chargé des questions de l'immigration, était venu à Alger pour discuter de ce dossier sur lequel Berlin se voulait intransigeant. Décidément, la question des migrants empoisonne les relations entre les pays membres de l'Union européenne, en particulier riverains de la Méditerranée et les pays du Maghreb. Voici plusieurs semaines, la crise a eu des conséquences inattendues sur...la délivrance des visas dont la durée d'examen des demandes est en train de battre tous les records. Pour la quasi-totalité des Etats membres de l'espace Schengen, cette durée a connu un allongement tel que les postulants sont désormais légion pour se plaindre auprès des autorités de leur pays. Celles-ci, notamment en Algérie, ont d'ailleurs réagi promptement, conscientes de la dimension de la «crise» qu'aggrave, en outre, le nombre des refus en nette hausse. Le ministère des Affaires étrangères se serait d'ailleurs inquiété de ces problèmes auprès de plusieurs représentations diplomatiques des Etats membres de l'espace Schengen. Il faut dire que l'UE applique de façon informelle, mais contraignante, des mesures de rétorsion après avoir «constaté» une résistance de l'Algérie, comme aussi de plusieurs autres pays africains, dans la gestion du dossier des migrants. Après avoir envisagé de faire des pays du Maghreb une sorte de camp de rétention grandeur nature, en échange de promesses de programmes d'aide plus ou moins virtuels, puis rencontré une farouche opposition aux expulsions massives de «ressortissants» non avérés en situation irrégulière, les pays de l'UE, notamment l'Allemagne et la France, mais aussi l'Italie, quoiqu'à un degré moindre, se sont mis en tête d'intervenir jusque dans les eaux territoriales libyennes pour tenter d'endiguer le flux migratoire. On se souvient que, l'année dernière, un représentant personnel de la chancelière allemande Angela Merkel, coordinateur du gouvernement fédéral chargé des questions de l'immigration, était venu à Alger pour discuter de ce dossier sur lequel Berlin se voulait intransigeant. Des pressions soutenues avaient alors été tentées, mais en vain, l'audience accordée par le ministre algérien de l'Intérieur ayant eu lieu en présence du directeur général de la Sûreté nationale, du commandant de la Gendarmerie nationale et du directeur général de la Protection civile. Les échanges qui ont eu lieu à Berlin, en janvier 2016, entre la chancelière et le Premier ministre algérien sur ce même sujet ont abouti au même constat, de sorte que chacun a continué à camper sur ses positions, non sans formuler une satisfaction de pure forme quant à la volonté d'une «meilleure coopération» en la matière. En la circonstance, celle-ci reste régie par un accord bilatéral signé en 1997 et ratifié en 2006 qui traite spécifiquement de la question du rapatriement des ressortissants algériens non admis au séjour en Allemagne. Leur reconduite dans le pays d'origine ne peut se faire selon ce document qu'à raison de 30 personnes par desserte aérienne, et à la charge de la partie organisatrice de leur expulsion. Mais l'enjeu a très vite dépassé ces calculs d'épicier pour porter sur la vague de migrants qui déferle sur l'Europe depuis plus de trois ans maintenant. Une vague dont l'UE veut l'endiguement en territoire maghrébin, que ce soit en Libye, en Tunisie ou même en Algérie. Sauf que les trois pays affichent la même prudence et plaident pour une gestion autrement plus responsable du phénomène, inhérent à plusieurs paramètres dont ceux de l'insécurité née de la menace terroriste ainsi que des changements climatiques, entre autres causes. Une position claire qui demande à établir sans ambiguïté aucune que les personnes concernées par la procédure de rapatriement soient bien des ressortissants avant toute «réadmission». Et surtout, qu'il ne soit pas acquis que les pays du Maghreb deviennent un centre gigantesque de rétention à ciel ouvert, garant de la tranquillité d'une Union européenne cadenassée. Attitude d'autant plus confortable que le nombre réel de ressortissants algériens concernés par le rapatriement en 2015 était exactement de 15587 pour l'ensemble des pays de l'espace Schengen...