L'attentat de Berlin, perpétré le 19 décembre par le Tunisien Anis Amri, a poussé les autorités allemandes à accélérer les procédures d'extradition des 1400 Tunisiens sur les listes d'exclusion depuis des mois. Les médias et la société civile tunisiens multiplient les campagnes médiatiques, en coordination avec les organisations d'immigrés en Allemagne, pour dénoncer les opérations de rapatriement des immigrés tunisiens, via des charters organisés à cet effet. La question a été même soulevée dans un récent entretien téléphonique entre la chancelière allemande, Angela Merckel, et le président tunisien, Béji Caïd Essebsi. La chancelière a demandé de «tout mettre en œuvre pour accélérer les procédures de rapatriement des ressortissants tunisiens dont la demande d'asile a été rejetée par l'Allemagne». Angela Merckel a indiqué que son gouvernement a déjà entamé les procédures de rapatriement et compte les accélérer. Par ailleurs, cette décision d'extradition, prise début 2016, concerne 6400 Maghrébins. Depuis le début de l'année, les autorités allemandes ont multiplié l'envoi de délégations dans les pays du Maghreb, en vue de négocier les procédures de rapatriement de 2600 Algériens, 2400 Marocains et 1400 Tunisiens. La focalisation momentanée sur les Tunisiens est, sûrement, en rapport avec l'attentat de Berlin. Les Tunisiens concernés par ces extraditions ne sont pas, spécialement, des présumés terroristes. Il s'agit d'une partie des 25 000 Tunisiens qui ont émigré en 2011 à Lampedusa, auxquels les autorités italiennes avaient accordé des titres provisoires de séjour dans l'espace Schengen. Depuis, la situation d'une large partie d'entre eux a été régularisée. Par contre, des procédures d'exclusion ont été engagées contre les autres, aussi bien en France qu'en Suisse ou en Belgique. L'Allemagne ne fait donc que suivre. Les procédures d'exclusion bloquent toutefois en rapport avec l'identification de ces personnes. La Tunisie refuse de reprendre des personnes qui n'ont pas leurs papiers d'identité nationale, malgré des accords de réadmission. Les autorités allemandes évoquent la possibilité de recourir aux technologies modernes, comme l'utilisation de données biométriques pour l'identification de ces ressortissants. Très nombreux sont ces «migrants», en situation irrégulière, qui se sont débarrassés de leurs passeports afin de tenter de se faire passer pour des réfugiés syriens et éviter l'expulsion. Mais, ils ont tous été identifiés grâce aux empreintes digitales prises lors des contrôles.