En panne d'inspiration, l'UE n'a rien pu faire pour empêcher la sortie du Royaume-Uni de l'Union, encore moins pour préserver son unité face à l'afflux massif des migrants ou sauver son symbole de l'intégration européenne: Schengen. Les périls se sont accumulés, en 2016, pour une Europe secouée par plusieurs crises et fragilisée dans ses fondements par la problématique migratoire qui a fait vaciller son unité et par le terrorisme qui l'a frappé en plein coeur, remettant en question l'un des piliers de sa construction, Schengen, ainsi que par le vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union, aujourd'hui, menacée de dislocation. Le 23 juin, les Britanniques se sont prononcés par référendum pour la sortie du Royaume-Uni du bloc des 28, plongeant l'UE dans une nouvelle zone de turbulences. Pris de court par le résultat du référendum, les dirigeants européens ont pressé Londres d'engager la procédure de divorce, avertissant qu'elle ne bénéficierait d'aucun traitement de faveur. Déjà peu disposée à déclencher rapidement le processus de sortie de son pays de l'Union, la première ministre britannique Theresa May pourrait, selon son entourage, n'activer l'article 50 du traité de Lisbonne que vers la fin de l'année prochaine et non plus à la fin mars 2017 comme prévu initialement, renforçant les incertitudes autour de la future forme du divorce entre Londres et l'Europe. Si la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que l'Europe «est assez forte pour surmonter le départ de la Grande-Bretagne et continuer à aller de l'avant même à 27», il n'en demeure pas moins que l'UE est affaiblie par une succession de crises, notamment migratoire, et où l'extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe. Face à des flux migratoires jamais vus depuis la seconde guerre mondiale, l'Europe reste divisée sur la réponse à donner à la crise migratoire. De nombreux pays se sont longtemps opposés à l'instauration par la Commission européenne de quotas de réfugiés à se répartir entre les Etats de l'Union. Devant l'absence de solidarité européenne, l'UE s'est tournée vers la Turquie avec laquelle elle parvient à conclure, le 18 mars dernier, un accord controversé. En vertu de cet accord, toutes les personnes arrivées illégalement en Grèce par la Turquie y sont renvoyées, y compris les demandeurs d'asile. Pour chaque Syrien réadmis, en Turquie l'Europe s'engage en échange à en réinstaller un autre, du sol turc sur son territoire. En contrepartie, l'UE s'est engagée à apporter une aide financière à Ankara, à accélérer le calendrier des négociations en vue de l'adhésion de la Turquie à l'UE et à libéraliser le régime des visas pour les ressortissants turcs. Cependant, si cet accord a permis de réduire sensiblement les arrivées de réfugiés et de migrants en Europe, notamment par les Balkans et l'Europe centrale, après le chiffre record enregistré en 2015 où plus d'un million de personnes ont introduit une demande d'asile dans l'UE, la majeure partie du flux passe désormais par l'Italie. Pour empêcher l'immigration à la source» et faciliter les expulsions, l'UE cherche depuis plusieurs mois à approfondir la coopération avec les pays africains d'origine ou de transit des migrants. L'UE qui a déjà conclu 17 accords et ouvert une vingtaine de négociations, aspire à conclure un maximum d'«accords de réadmission» pour pouvoir renvoyer plus systématiquement les migrants économiques et mieux maîtriser les routes migratoires dans le centre de la Méditerranée. Par ailleurs, l'UE a donné fin octobre son feu vert pour une prolongation de trois mois des contrôles aux frontières intérieures de l'Union, jugeant les conditions pour un retour à un fonctionnement normal de l'espace Schengen pas encore remplies». En fermant au maximum la frontière gréco-macédonienne, l'UE espère regagner le contrôle sur les flux de migrants et décourager les candidats à la traversée de la Méditerranée. Les analystes estiment, toutefois, que cette décision risque de provoquer l'effondrement total du système de libre-circulation Schengen, un autre pilier de l'édifice européen et symbole de l'intégration européenne.