Après l'annulation de sa visite à Alger en raison de l'indisponibilité du président Abdelaziz Bouteflika, Angela Merkel s'est tournée vers l'Egypte et la Tunisie, qu'elle considère comme d'importants partenaires dans la lutte contre l'immigration clandestine. Source de crispation entre Berlin et Tunis après l'attentat de Berlin attribué à un Tunisien en décembre 2016, le dossier de l'immigration était au centre des discussions de la chancelière allemande avec ses homologues de ce pays. Au lendemain de sa visite au Caire, où elle aurait obtenu le soutien des autorités égyptiennes dans ce domaine, Angela Merkel s'est rendue hier à Tunis avec pour objectif de consolider la coopération avec ce pays et s'assurer d'un engagement similaire. Ce sera l'occasion de calmer la tension entre les deux capitales, suite aux accusations allemandes en direction des autorités tunisiennes du blocage durant l'année 2016 du rapatriement du ressortissant tunisien Anis Amri, auteur de l'attentat du marché de Noël de la capitale allemande. Des responsables allemands avaient même évoqué l'hypothèse de sanctions contre les pays, dont la Tunisie, ne coopérant pas suffisamment sur les dossiers migratoires. En réaction à ces accusations, Tunis avait adressé une fin de non-recevoir à Berlin sur l'idée de camps sur son sol pour accueillir des migrants sauvés au cours de leur traversée de la Méditerranée depuis la Libye. Après ses désaccords, Berlin et Tunis affichent désormais la volonté d'aller de l'avant. C'est ce qui ressort des déclarations de l'ambassadeur d'Allemagne en Tunisie, Andreas Reinicke, sur la radio publique tunisienne RTCI. Il a affirmé que sur les questions migratoires, les procédures "étaient très lentes mais elles se sont améliorées dernièrement et vont encore s'améliorer". De son côté, la présidence tunisienne a estimé que ces sujets "ne constituent aucunement un problème entre les deux pays. (...) En Europe, tout le monde a pu constater que la Tunisie contrôle désormais nettement mieux ses frontières". Pour en revenir au séjour d'Angela Merkel au Caire, elle a évoqué avec le président égyptien Abdel Fattah As-Sissi "des points concrets concernant la protection des frontières". Elle a également parlé de la Libye, frontalière de l'Egypte et de la Tunisie, plongée dans le chaos depuis 2011 et tête de pont pour les migrants tentant de rejoindre l'Europe. "Nous nous sommes mis d'accord sur des points concrets concernant la protection des frontières (...) Il faut continuer nos discussions à ce sujet", a indiqué la chancelière au cours d'une conférence de presse commune avec Abdel Fattah As-Sissi. "Il y a aussi des routes pour l'immigration illégale de la Libye vers l'Egypte", a dit Mme Merkel qui a évoqué "l'intérêt commun" des deux pays à "mettre fin à ça". "La question est de stopper le trafic d'êtres humains et empêcher l'ouverture d'une nouvelle route vers l'Europe via l'Egypte", a martelé la chancelière allemande. Pour rappel, Angela Merkel, qui avait porté le message de la fermeture des routes migratoires à l'automne au Mali et au Niger, avait prévu d'en faire autant en février à Alger, avant l'annulation de sa visite en raison de l'état de santé du président Abdelaziz Bouteflika. Merzak Tigrine