L'Algérie est appelée à cerner les facteurs fondamentaux et mettre en place les mécanismes de la transition. Il s'agit, d'un côté, d'intégrer l'économie de marché et de l'autre de se conformer, aux règles du jeu régissant l'économie mondiale. C'est une mission qui n'est décidément pas aisée, reconnait M.Abdelhak Lamiri, P-DG de l'Insim, invité hier au forum des cadres de finances et de comptabilité. Le conférencier admet, par ailleurs, que l'Algérie pourrait s'en sortir et réussir le coup. Comment faire? De son avis, l'Algérie est appelée à cerner les facteurs fondamentaux et mettre en place les mécanismes devant accompagner cette transition. Il s'agira, explique-t-il, de développer les ressources humaines, l'intelligence et les PME, élément capital qui conditionne la réussite du processus de privatisation. Il est question aussi, selon lui, de mettre en place les instruments de bonne gouvernance basée, notamment sur la transparence. Lui emboîtant le pas, M. Ahmed Benbitour, ex-Premier ministre, développera mieux la thèse selon laquelle l'instauration d'une bonne gouvernance économique et politique ne pourrait avoir lieu sans la lutte contre la corruption et la réforme des institutions. C'est ce qu'il pense d'ailleurs de l'opération mains propres lancée par le gouvernement et dénoncée par le FLN. Dans son discours, l'ex-chef du gouvernement, parlant des carences qui freinent le processus de transition, rappellera la nécessité de maîtriser les décisions de passation et celles qui vont dans le sens d'encourager l'investissement. Il mis l'accent sur la nécessité de faire front contre la corruption qui, selon lui, «se nourrit de la mauvaise gestion des affaires publiques». Il dira aussi que la corruption est coûteuse du fait qu'elle «porte atteinte à l'autorité morale de l'Etat et à l'investissement». Il développera sa conception en affirmant que la corruption a un impact négatif sur le développement et la création a des PME. Cela est lié, a-t-il renchéri, à la faiblesse du système bancaire qui est également un facteur favorisant la fuite des capitaux. M.Ahmed Benbitour a évoqué aussi les dangers de «l'économie souterraine» qui va à contre-courant de la volonté de l'Algérie d'intégrer l'économie mondiale. L'économie parallèle, explique-t-il derechef, qui échappe au fisc engendre inévitablement «une économie officielle de l'Etat, basée sur une surtaxation qui provoque la fuite des capitaux». Pour revenir au volet portant corruption, M.Benbitour explique deux genres de corruption. Primo, la bureaucratie à la recherche de pots-de-vin. Secondo, l'accaparement de l'Etat. Deux facteurs qui, selon lui, non seulement vont dans le sens inverse des intentions de l'Algérie, mais aussi remettent en cause ces mêmes intentions. Il perçoit négativement l'idée de mettre en vente des entreprises d'une manière «précipitée et non réfléchie». Il fait allusion, sans nul doute, à la mise en oeuvre du processus de privatisation qui, de son avis, ne pourra avoir lieu qu'avec l'adoption d'une opération de réformes partielles. Quant à M.Amor Zahi, ancien cadre à la Cour des comptes et professeur à la faculté des sciences juridiques à Alger, il a parlé des carences juridiques et la nécessité d'adapter la réglementation algérienne aux nouvelles donnes universelles. M.Zahi admet l'existence de textes et/ou de projets de loi devant accompagner cette transition escomptée. Il cite pour les besoins d'illustration le texte contre la corruption et le blanchiment d'argent, le texte pour la réforme du système juridique et l'autre pour la révision du système bancaire. Toutefois, il explique que « cette adaptation n'aurait pas de sens si elle ne tenait pas compte de l'environnement international». Ce n'est pas une atteinte à la souveraineté nationale, a-t-il poursuivi. Car, de son avis, les nouvelles dispositions privilégient l'intérêt commun et la primauté du texte international sur le national. «Le travail semble se poursuivre mais cette adaptation se fait dans la précipitation et les textes parfois sont non réfléchis et peuvent être en discordance avec la réalité». Le processus «accéléré» des privatisations, contient des «contraintes et des carences énormes». M.Amor Zahi relève des insuffisances liées à la faiblesse, voire l'absence d'un marché financier et de systèmes bancaire et juridique adéquats.