Lors de ce déplacement, le président français aura des entretiens avec Abdelaziz Bouteflika, qu'il a déjà rencontré quatre fois, notamment comme ministre de l'Intérieur. Le président français Nicolas Sarkozy effectuera en juillet une tournée maghrébine devant le conduire en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Selon nos sources, l'annonce officielle de ce voyage interviendrait dans les tout prochains jours. Le nouveau patron de l'Elysée, qui se trouve actuellement confronté à la gestion de l'après-législatives en France, est attendu le 9 juillet à Alger pour une visite officielle au terme de laquelle il s'envolera pour le Maroc avant de se rendre en Tunisie. À Alger, Nicolas Sarkozy aura des entretiens avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, qu'il a déjà rencontré à quatre reprises lors de ses précédents déplacements en Algérie, alors qu'il était ministre de l'Economie puis de l'Intérieur. Le partenariat d'exception qu'Alger et Paris veulent construire devrait dominer les discussions qu'auront les deux chefs d'Etat. Le passé colonial de la France en Algérie continue de peser sur les relations entre les deux pays, retardant d'autant la construction de ce partenariat. Depuis plus de deux ans, les relations algéro-françaises connaissent des tensions à répétition, alimentées notamment par la polémique sur la colonisation et son corollaire la question de la mémoire. L'adoption de la loi française du 23 février 2005, dont un article, abrogé depuis, mentionnait le rôle positif de la colonisation, avait accentué cette polémique. Alger a renouvelé à maintes reprises ses exigences de voir la France reconnaître ses “crimes” en Algérie sous le régime colonial. Les autorités françaises ont invariablement réagi à cette demande en soulignant que le débat sur la période coloniale française en Algérie revenait aux historiens, excluant ainsi toute idée de repentance. Au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy a fait savoir que la position de la France ne changera pas d'un iota. Le nouveau locataire de l'Elysée a, en effet, exclu toute idée de repentance. “Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres”, a-t-il dit. Les conséquences de cette polémique, tout le monde les connaît : le report sine die de la signature du traité d'amitié entre Alger et Paris, prévue initialement avant la fin 2005. Ce traité cher à M. Bouteflika et à l'ancien président français Jacques Chirac est bel et bien enterré, et les Français préparent d'ores et déjà un projet de substitution. La France compte, en effet, proposer un “partenariat ambitieux” de coopération à l'Algérie, selon son ambassadeur à Alger Bernard Bajolet. “Nous allons proposer un document de partenariat ambitieux entre l'Algérie et la France, dont une nouvelle convention de coopération et un document-cadre de partenariat”, a déclaré récemment M. Bajolet. Au cours d'un entretien informel avec les directeurs de journaux, l'ambassadeur avait expliqué les nouvelles ambitions de cette relation privilégiée. M. Bajolet, au cours de cette rencontre, a montré que la diplomatie française est très active dans les points chauds de la planète. Quant à la relation entre la France et l'Algérie, Nicolas Sarkozy compte bien lui donner une nouvelle impulsion. Concrètement, le traité sera remplacé par une convention de coopération pour une période de 10 ans à partir de 2007. Cette convention définit le cadre et les domaines de coopération qui englobent, notamment la formation des élites algériennes, la création de pôles d'excellence en Algérie, et la coopération décentralisée entre des régions françaises et des villes algériennes. Autre sujet de l'heure, le conflit du Sahara occidental qui devrait être également au centre des entretiens au moment où le Maroc et le Polisario viennent d'entamer des négociations sous les auspices de l'ONU près de New York. Sous le règne de Jacques Chirac, la position de la France était jugée favorable au Maroc. Nicolas Sarkozy va-t-il rectifier le tir, en adoptant une position de neutralité à l'égard de ce conflit, ou suivra-t-il le chemin tracé par son prédécesseur au risque de faire capoter son projet de l'union de la Méditerranée ? Les deux présidents devraient également évoquer la coopération énergétique entre les deux pays. L'idée d'un rapprochement entre Sonatrach et Gaz de France (GDF), comme le souhaite Nicolas Sarkozy, sera sans doute au centre des entretiens, mais Alger reste pour le moment hostile à cette proposition. Nicolas Sarkozy, qui avait indiqué en mars dernier, en pleine campagne présidentielle, qu'il préférait une alliance entre la Sonatrach et Gaz de France à une fusion entre GDF et le groupe énergétique français Suez, ne désespère pas de convaincre les Algériens d'accepter sa proposition en offrant en échange de cette alliance une aide dans le nucléaire civil. Mais cette démarche semble d'ores et déjà vouée à l'échec puisque l'Algérie vient de signer un protocole d'accord dans le domaine du nucléaire civil avec les Etats-Unis. R. B.