Deux artistes peintres, Mohamed Guessoum et Rachid Redjah, partagent depuis jeudi l'espace de la galerie d'art Arts en liberté. Placée sous le signe de la «convergence», l'exposition rassemble les oeuvres de ces deux plasticiens qui, différents par la thématique, ont néanmoins des similitudes tant sur le niveau de l'approche que du style pictural. Contemporains par essence, les deux expriment la vie par des formes et des signes haut en couleur. Ce qui intéresse Rachid Redjah, d'une manière générale, c'est le patrimoine architectural. Ce qui l'interpelle c'est l'arc. Ce dernier est en effet omniprésent dont tous ses tableaux. Il officie dans sa peinture soit en petit format soit dans un format panoramique. Rachid Redjah a vécu de 1989 à 2001 à Ghardaïa avant de rentrer à Alger. Ici, il fut obnubilé par la Casbah qu'il a cessé de peindre. «L'état dans lequel elle était et l'état où elle est toujours actuellement ne me donne plus envie de la peindre» dit-il et de confier: «Au Sud, j'ai découvert que les gens là-bas préservent leurs sites architecturaux comme l'oued M'zab. Ils préservent réellement la cité. D'ailleurs, une de mes peintures, je l'ai appelée Cité sereine, une autre Cité de la paix. Dans toute cette cité, il y a l'art qui est présent. Il n'a jamais cessé de m'interpeller. J'essaye de lui donner le maximum de dimension.» Couleurs de terre, ocre et jaune sont partout discernables notamment dans ce tableau «Ode à notre africanité». Sur le plan symbolique, l'arc représente pour notre artiste la ligne arrondie qui signifie la sécurité par rapport à la ligne droite. Elle est plus solide et de révéler à la faveur de la journée de l'artiste à juste titre: «Nous les artistes, ne sommes pas considérés, on ne se sent pas en sécurité. Le jour où on aura plus de valeur, peut-être que l'arc disparaîtra à ce moment-là dans ma peinture». Dans un registre plus éclaté, amalgamé, la peinture «déstructurée» de Mohamed Guessoum se décline par «des couleurs quelque peu vives pour casser le rythme ou bien par des formes géométriques qui sont là pour essayer de rééquilibrer cette déstructuration», souligne le peintre qui avoue chercher une dynamique dans sa peinture. Celle-ci est une explosion de signes, une sorte d'écriture graphique, du graphisme libre. Une forme expressive très gestuelle, riche d'une multitude de signes. L'artiste s'est refusé de donner des titres à ses tableaux. «Je ne veux conditionner personne. Aux gens de donner le titre qu'ils veulent. Ma peinture est une liberté. Un geste dans la continuité, la réflexion». L'artiste dont la première exposition individuelle remonte à 1986 renoue aujourd'hui avec la peinture après une mauvaise expérience à ses débuts. Cela ne l'a pas l'empêché de continuer à verser dans l'art. «J'ai une boîte de communication. Je suis graphiste. Je travaille dans la pub. J'aime bien tout ce qui est art contemporain. Que ce soit dans la vidéo ou le graphisme», confie-t-il. Pour rappel, cette exposition entre dans le cadre du cycle «Quatre saisons en art» tracé par la galerie. Une manifestation internationale dédiée aux arts plastiques de tendance contemporaine. Ce cycle prolonge et étoffe ce projet culturel de la galerie. L'exposition «Convergence» se tient jusqu'au 24 juin. Par ailleurs, la galerie vous propose une série d'ouvrages intéressants en littérature, art et patrimoine. Cela vaut le coup d'oeil.