Sur ordre du président Maduro, l'armée vénézuélienne a été mise en état d'alerte pour parer à toute éventuelle intervention militaire américaine Des avions, des chars et des milliers de soldats étaient mobilisés hier et aujourd'hui au Venezuela pour des exercices militaires ordonnés par le président Nicolas Maduro en réponse à la menace de son homologue américain Donald Trump, au lendemain des nouvelles sanctions contre le pays pétrolier. Quelque 200 000 soldats et 700 000 miliciens, réservistes et civils devaient participer ce week-end aux manoeuvres militaires, des exercices de tirs aux survols d'avions, baptisées «Souveraineté bolivarienne 2017». Cette démonstration de force avait été ordonnée mi-août par le chef de l'Etat vénézuélien en réponse à la déclaration de Donald Trump qui, interrogé depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, avait évoqué «une possible option militaire si nécessaire» au Venezuela, provoquant la colère de M. Maduro. Nombre de pays de la région - Brésil, Colombie, Pérou, Chili, Mexique ou encore Equateur - avaient clairement rejeté la perspective d'un recours à la force. Vendredi, la Maison-Blanche a écarté toute action militaire américaine au Venezuela à court terme. «Nous étudions toujours un vaste éventail d'options», a déclaré le général HR McMaster, conseiller à la sécurité nationale. «Toute décision serait prise en conjonction avec nos partenaires dans la région et aucune action militaire n'est prévue dans un futur proche». En revanche, déterminé à démontrer que son pays ne resterait pas immobile face à la crise au Venezuela, le président américain Donald Trump a signé vendredi un décret interdisant d'acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela ou par la compagnie pétrolière nationale Pdvsa. Riche en ressources pétrolières mais pauvre en liquidités, le pays, dont la dette est estimée à plus de 100 milliards de dollars, redoute le spectre d'un défaut de paiement. Le décret ne mentionne cependant pas une quelconque interdiction à des compagnies américaines d'acheter du brut vénézuélien. «Ces mesures ont été soigneusement calibrées pour priver la dictature Maduro d'une source cruciale de financement», a souligné la Maison- Blanche, qualifiant le régime en place de «dictature». Nicolas Maduro a convoqué vendredi pour une réunion urgente les entreprises américaines qui achètent du pétrole au Venezuela afin d'analyser les sanctions imposées à Caracas par les Etats-Unis. Le pays sud-américain vend 800 000 des 1,9 million de barils de sa production quotidienne. L'armée est le principal soutien du gouvernement socialiste vénézuélien, lequel lui a conféré un grand poids politique et économique. L'opposition vénézuélienne a appelé à plusieurs reprises ces derniers mois l'armée à rejoindre sa cause. Mais à l'exception de quelques actions isolées, comme l'attaque menée début août par deux officiers rebelles contre une base militaire du nord du pays, les forces armées sont jusqu'ici restées loyales à M. Maduro. Le dirigeant socialiste a appelé jeudi les militaires à «serrer les rangs pour la patrie». «Le temps n'est pas aux fractures, quelles qu'elles soient. Ceux qui doutent doivent quitter les forces armées immédiatement», a-t-il lancé. «Plus de 900 000 combattants. Jamais auparavant la Fanb (armée vénézuélienne) n'a été plus soudée, plus unie. Cet exercice va nous permettre de passer à une nouvelle phase d'alerte, d'attitude pour le combat défensif», a déclaré vendredi le chef du Commandement stratégique opérationnel Remigio Ceballos, entouré de soldats. Selon M. Maduro, les sanctions américaines de vendredi ont été demandées par la droite vénézuélienne, pour déstabiliser encore un peu plus le pays. Le président attribue l'origine de la crise vénézuélienne à une volonté des Etats-Unis de le renverser avec l'aide de l'opposition. Très critiqué, Nicolas Maduro est confronté depuis début avril à une violente vague de contestation qui a fait au moins 125 morts depuis avril. L'opposition le considère comme responsable de la grave crise économique que traverse le Venezuela. Elle lui reproche également d'avoir fait élire une assemblée constituante «fantoche», fin juillet, assemblée constituante qui s'est désormais emparée des pouvoirs législatifs de l'assemblée nationale, la seule institution du pays contrôlée par l'opposition depuis la fin 2015.