Pour Trump, le problème est toujours simple. «Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n'est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent», a-t-il ajouté. Vingt-quatre heures après avoir promis à la Corée du Nord le feu et la colère, le président des Etats-Unis Donald Trump se tourne vers le Venezuela pour affirmer qu'une option militaire est envisagée contre le régime en place. En clair, il avise le monde du fait que les Etats-Unis ont désormais repris leur rôle de gendarme du monde qu'ils ont exercé, des décennies durant, sans nuance dans les différentes régions de la planète. Etrange revirement d'un homme qui, il y a quelques mois à peine, affichait ostensiblement sa politique isolationniste, balayant d'un revers de la main les alliances «caduques» du genre Otan pour lesquelles il n'est plus question d'investir un dollar. C'est ainsi que le toujours surprenant chef de l'Exécutif américain a réagi hier à la situation chaotique qui prévaut au Venezuela depuis l'élection fin juillet de l'Assemblée constituante. Apportant un soutien massif à la droite locale et à la bourgeoisie qui tentent de reprendre le contrôle des affaires autant que du pays, Trump a «révélé» que, parmi les nombreuses options envisagées, une intervention militaire avait été préparée au cas où il faudrait ramener le calme au Venezuela. La réplique du président vénézuélien Nicolas Maduro n'a pas tardé, qui promet, quant à lui, de répondre «les armes à la main» à une telle agression. Il intervenait devant les 545 membres de la nouvelle assemblée chargée, notamment, de réécrire la Constitution de 1999. Elle régira le pays durant au moins deux ans, le mandat du président s'achevant en janvier 2019. Les manifestations contre Nicolás Maduro ont fait plus de 125 morts depuis début avril dans un contexte de grave crise économique et institutionnelle Bien entendu, les questions des journalistes désireux d'en savoir plus à la faveur d'une partie de golf, sur le parcours de Bedminster, au New Jersey, sont demeurées sans réponse, tandis que les échanges de piques avec le régime nord-coréen se sont poursuivis au point de donner des sueurs froides à plusieurs capitales dans le monde, notamment Moscou et Pékin qui ont appelé à la retenue et préconisé le dialogue pour privilégier un accord consensuel. Pour Trump, le problème est toujours simple. «Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n'est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent», a-t-il simplement ajouté, entouré du secrétaire d'Etat Rex Tillerson et de l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley. Interrogé sur cette déclaration, le Pentagone s'est limité à dire, par la voix de son porte-parole Eric Pahon, qu'il n'y avait «à ce stade» aucune consigne sur ce dossier. Pour le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, en revanche, il s'agit là d'un véritable «acte de folie» car, a-t-il ajouté, en cas d'agression, «nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé». Washington et Caracas n'ont plus de représentants diplomatiques depuis 2010, mais leurs relations se sont quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, leur permettant de conserver des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l'industrie pétrolière. Début août, les Etats-Unis ont infligé des sanctions au président vénézuélien qu'ils ont qualifié de «dictateur». La réaction de Washington est survenue au lendemain de l'élection controversée de l'Assemblée constituante voulue par le président socialiste, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts. Rejetée par l'opposition et certains pays occidentaux, cette assemblée l'a confirmé à l'unanimité dans ses fonctions de «président constitutionnel de la République bolivarienne du Venezuela». Il est extrêmement rare que le gouvernement américain prenne des sanctions contre un chef d'Etat étranger en exercice. Nicolás Maduro est seulement le quatrième à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant un groupe composé du président syrien Bachar el-Assad, du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et du président zimbabwéen Robert Mugabe. Une nouvelle série de sanctions américaines a en outre été adoptée cette semaine à l'encontre de huit responsables vénézuéliens impliqués dans la mise en place d'une Assemblée constituante jugée «illégitime». «Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l'opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu'à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique», a ressassé une fois de plus le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin. Une situation qui voit Bernard Henri-Lévy se frotter déjà les mains, s'imaginant un autre destin libyen dans des eaux sud-américaines ensanglantées.