Week-end sanglant à Bagdad de nouveau ciblée par les attentats. L'accalmie aura été de courte durée pour la capitale irakienne qui a renoué ce week-end avec les attentats meurtriers comme ceux qui y ont été commis, vendredi et hier, faisant quatorze morts et une trentaine de blessés. Un autre attentat a eu lieu hier en milieu de matinée à Bagdad, ne faisant cependant pas de morts, mais où a été enregistrée une demi-douzaine de blessés. Ainsi, l'offensive de ces dernières semaines pour sécuriser Bagdad ne semble pas avoir eu les retombées escomptées. L'attentat de vendredi à Bagdad est en fait le premier commis depuis l'engagement de l'opération «Eclair» dans le courant du mois passé, et à laquelle prirent part quelque 40.000 soldats et policiers irakiens et 8000 militaires américains. L'attentat de vendredi soir a visé un quartier commercial chiite de Cholaâ, dans la populeuse banlieue nord de Bagdad. Dix personnes y ont trouvé la mort alors que 28 autres ont été plus ou moins gravements blessées. Toujours à Bagdad, un attentat, dont l'auteur est un kamikaze, a été commis hier contre la brigade d'une unité spéciale de commandos de la police faisant cinq morts parmi les policiers, un deuxième attentat a été perpétré ce même jour dans la localité de Jbala, au sud de Bagdad, des hommes circulant en voiture ayant ouvert le feu sur un minibus transportant des ouvriers. Onze morts ont été relevés, selon des sources hospitalières. Par ailleurs, les corps de dix-sept personnes ont été découverts dans la province d'Al Anbar, province « rebelle » connue pour sa résistance à l'occupation, qui s'ajoutent aux onze corps, exécutés par balles, trouvés jeudi près de la ville d'Al-Qaïm, proche de la frontière avec la Syrie. Selon des indications du ministère irakien de la Défense, six autres corps avaient été découverts le même jour dans cette région. Ainsi, les divers attentats et exécutions ont fait plus d'une soixantaine de victimes lors des dernières quarante-huit heures en Irak. D'autre part, l'armée américaine a indiqué que cinq marines ont été tués jeudi à Haglaniyah, pas loin de l'ancienne ville rebelle de Falloujah. Deux autres marines sont morts vendredi dans l'explosion d'une bombe au passage de leur voiture à Saglaouiyah, toujours dans la région de Falloujah. Un huitième soldat américain a trouvé la mort jeudi lors de combats au nord de Bagdad et quatre autres blessés lors de l'attaque de leur convoi par des rebelles, selon un communiqué de l'armée américaine. Cette recrudescence de la violence au moment où le gouvernement d'Ibrahim Al-Jaâfari fournit de gros efforts pour reprendre la situation sécuritaire en main, montre tout le chemin qui reste à faire par les autorités irakiennes pour faire revenir la sécurité et la stabilité dans le pays. Certes, une certaine amélioration des conditions sécuritaires a été perceptible ces dernières semaines, mais sans réelle prise sur la situation d'ensemble qui demeure fluctuante, d'autant plus que, selon des responsables militaires américains, la guérilla donne l'impression d'avoir opté pour des moyens de lutte plus adaptés à la situation créée par le renforcement des effectifs sécuritaires. Ainsi, selon ces sources, «les attentats à la voiture piégée ont diminué, nous avons arrêté 1000 suspects mais nous ne pouvons pas encore crier victoire», a prévenu toutefois le haut gradé militaire américain -qui parlait sous le couvert de l'anonymat- indiquant par ailleurs, «les attaques à l'arme légère ont cependant augmenté. Nous pensons qu'il s'agit d'une nouvelle tactique, assurément moins efficace, pour maintenir un climat de violence». L'Irak reste ainsi confronté à la spirale de la violence que n'arrivent pas à juguler les efforts réalisés par les autorités sécuritaires, confortées pourtant par la mise en place d'unités spéciales de lutte contre le terrorisme. Si la situation sécuritaire demeure préoccupante, au plan politique se pose toujours le dilemme de la représentation et de la participation sunnite à la commission de rédaction de la Constitution. Toutes les parties concernées sont d'accord pour que les sunnites soient engagés pleinement dans la rédaction de la loi fondamentale. Reste toutefois à s'entendre sur les modalités de leur participation et sur le nombre de leurs représentants à la commission de rédaction. Si les chiites, aux commandes du pays, répètent à l'envi que l'«on ne peut pas gouverner l'Irak sans les sunnites», ils ne font rien en revanche pour satisfaire les demandes sunnites et assurer leur participation. De fait, devant le blocage de la situation, les sunnites ont proposé mercredi une liste de 25 personnes, estimant que c'est le minimum qu'ils puissent accepter pour prendre part à la rédaction de la Constitution. La balle est à nouveau chez les décideurs chiites appelés à fournir un nouvel effort pour donner aux communautés irakiennes de finaliser leur l'objectif commun qui reste l'émergence d'un Irak souverain et démocratique.