«Si Benmeradi et Yousfi ont montré leur patriotisme par le passé quand ils étaient ministres, ils n'ont qu'à le montrer aujourd'hui, aussi» La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a animé hier une conférence de presse dans son siège, en abordant la situation générale du pays. Pour Hanoune, il s'agit d'une évaluation politique en rapport avec «les événements successifs qui se sont opérés de façon rapide durant les deux mois écoulés», a-t-elle martelé. Par rapport au contexte politique actuel, Louisa Hanoune explique que «la situation dans laquelle se sont déroulées les élections législatives du 4 mai passé ont secrété une sorte de déviation qui a écorné de plein fouet l'image du Parlement qui s'est vu monopolisé par 30% d'hommes d'affaires, c'est ce qui montre que le Parlement est régenté par les forces de l'argent», a-t-elle souligné. Pour la SG du PT, toute la contradiction est là, le Parlement est dans une situation de précarité, mais, le hic, comme elle le précise, c'est qu'il n'y a pas de mécanismes juridiques qui puissent stopper cette mainmise des hommes d'affaires, selon elle. Abordant le volet qui a trait au dernier changement du gouvernement et le remplacement de l'ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune par Ahmed Ouyahia, Hanoune qualifie ce changement comme une forme de «remise en cause des choix positifs que Tebboune allait réaliser pour redresser la situation économique, sociale et financière du pays», a-t-elle précisé. Néanmoins, la secrétaire du PT a clarifié les choses quant à la personnalité de Tebboune en déclarant que «on sait que Tebboune n'est pas un homme indépendant ni autonome sur le plan politique. Il est clair que Tebboune est l'enfant du système, donc, nous sommes conscients des enjeux politiques, mais les derniers changements ont montré qu'il y a une véritable lutte d'intérêts au sommet du système», a-t-elle fulminé. Dans le même sillage des derniers changements, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a expliqué que «la désignation de Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif et le changement partiel qui s'est opéré surtout en ce qui concerne le ministère de l'Industrie et des Mines et celui du Commerce, ne vont pas nous permettre de faire des jugements hâtifs sur le plan du travail de Ouyahia», et d'ajouter: «Si Benmeradi et Yousfi ont montré leur patriotisme par le passé quand ils étaient ministres, ils n'ont qu'à le montrer aujourd'hui, aussi, pour croire que ces changements ne vont pas dans le sens contraire des choix stratégiques tels qu'ils ont été développés par le gouvernement précédent», a déclaré la secrétaire générale du PT. Louisa Hanoune n'est pas contre la nomination des deux ministres qui occupent des ministères stratégiques selon elle, mieux encore, elle considère que les déclarations de Ouyahia par rapport à la position qui consiste à ne pas faire recours à l'endettement extérieur, vont dans le sens de la position du PT. Dans ce sens elle souligne que «elle soutient d'emblée cette position qui émane en premier lieu de la décision du président de la République et aussi de celle de Ahmed Ouyahia en sa qualité de secrétaire général du Rassemblement national démocratique», a-t-elle déclaré. La secrétaire générale du PT n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dire que si les choix du gouvernement de Ouyahia s'inscrivent dans une logique qui va combattre les pratiques comme l'évasion fiscale et le détournement des crédits de l'Etat par les affairistes, on saura prendre une position qui s'impose. Louisa Hanoune s'est étalée sur des questions liées au dossier du projet de loi de la santé publique, le projet de loi du travail et celui du système de la retraite. Elle souligne que «ces projets de lois relèvent de pratiques moyenâgeuses et visent à privatiser les hôpitaux et la liquidation des entreprise publiques et favoriser les forces de l'argent à s'emparer du pays», a-t-elle tonné. Quant à la participation du Parti des travailleurs aux locales du 23 novembre prochain, Louisa Hanoune considère que «ce rendez-vous est entouré de beaucoup de scepticisme par la quasi-majorité des Algériens, l'expérience des dernières législatives est encore vivante dans la mémoire des Algériens», a-t-elle affirmé. Dans ce sens, Hanoune exige qu'il y ait des garanties politiques concrètes pour que les élections se déroulent dans un climat transparent et honnête, et surtout créer des artifices juridiques en mesure de parer à la fraude, selon la secrétaire générale du Parti des travailleurs.