Farouchement opposée à la politique d'austérité imposée par les lois de finances successives, la patronne du PT, Louisa Hanoune, estime que ceux qui appellent à plus de privatisation «non seulement ne représentent pas la majorité, mais surtout ce qu'ils proposent peut conduire à une situation de chaos et la somalisation…» A l'affût, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, ne laisse passer aucune sortie politique du gouvernement ou des partis de la coalition sans répliquer. Intervenant à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti, hier, Mme Hanoune s'est attaquée au secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, – sans le nommer – et ses propositions de «réformes économiques» qui en réalité ne sont que des «privatisations à tout-va». «On entend des voix au sein de l'Etat qui plaident pour les privatisations comme sortie de crise ! Comment revenir à ces anciennes recettes alors que le bilan n'a pas été fait», s'interroge-t-elle, avant de rappeler le désastre des politiques économiques menées durant les années 1990. «Ces privatisations ont conduit à la fermeture de plus de 1500 entreprises publiques et au licenciement de près d'un million de travailleurs, le tout sur injonction du FMI», rappelle-t-elle. «Ce sont ceux-là même qui ont appliqué la politique de privatisation qui nous proposent aujourd'hui la même recette. Que veulent-ils ? Cherchent-ils à en finir avec ce qui reste du secteur public économique», s'inquiète Louisa Hanoune. Farouchement opposée à la politique d'austérité imposée par les lois de finances successives, la patronne du PT estime que ceux qui appellent à plus de privatisation «non seulement ne représentent pas la majorité, mais surtout ce qu'ils proposent peut conduire à une situation de chaos et la somalisation…» En lutte contre les options ultralibérales du gouvernement en matière économique, la secrétaire générale du PT décrit une situation sociale «intenable» pour la majorité des Algériens et qui va en s'aggravant si «des corrections ne sont pas apportées rapidement». Elle en veut pour illustration le secteur des travaux publics et du bâtiment qui traverse une crise sans précédent. «La situation dans laquelle se trouve ce secteur est un indicateur de l'effondrement économique du pays, des milliers de travailleurs dans le secteur sont sans salaire, d'autres perdent leurs postes d'emploi. Plus de 300 petites entreprises sous-traitantes ne sont pas rétribuées. Ce secteur est asphyxié, constitue une bombe sociale, un indicateur de la gravité de la situation», redoute Louisa Hanoune. Pour éviter ce scénario catastrophe, elle préconise «une rupture avec l'austérité devenue la règle, renforcer le rôle social de l'Etat, les ressources financières sont à chercher dans les impôts non payés au lieu de faire comme certains le proposent : l'amnistie fiscale. Il faut aussi exiger des comptes et demander ‘‘d'où tu tiens ça'' parce que des fortunes colossales se sont constituées illégalement et dont l'origine est un détournement des capitaux publics». Elle ressort également l'arme du «sortir de l'accord d'association avec l'Union européenne en brandissant l'article 11 de l'accord qui permet à une partie de rompre en cas de déséquilibre financier et commercial». Le gouvernement Tebboune est-il suffisamment audacieux pour pendre des mesures allant dans ce sens ? Sans anticiper sur ce que peut ou pas faire le nouveau gouvernement, Louisa Hanouna, tout en jugeant important le changement gouvernemental intervenu récemment, estime que l'Exécutif est en mesure de «corriger les orientations, il peut prendre des mesures courageuses en faveur des couches sociales vulnérables». Elle énumère les secteurs de l'Education, de l'Enseignement, de la Santé et de l'Emploi qui doivent bénéficier d'un intérêt particulier dans les politiques publiques. «Réduire leurs budgets de fonctionnement et d'équipement c'est les condamner à mourir», prévient-elle. Commentant le Conseil des ministres de mercredi, Mme Hanoune considère «contradictoire d'affirmer le rôle social de l'Etat et de décider d'un choix d'austérité comme l'indiquent les coupes drastiques dans les transferts sociaux». C'est dans le même sens qu'elle appelle à l'abrogation du code du travail qui «consacre la généralisation des contrats à durée déterminée, bride le droit de grève, mais surtout légalise l'exploitation des enfants». Rappelant le principe des libertés démocratiques et des droits sociaux consacrés par la Constitution, Louisa Hanoune exige du gouvernement et de Bouteflika de «respecter scrupuleusement les droits politiques et sociaux des Algériens, car il s'agit d'immuniser le pays et de corriger les politiques économiques parce qu'il y va de la sécurité nationale».