Mme Hanoune a estimé que «l'actuel Parlement n'est pas habilité à procéder à la révision de la Constitution». La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, per-siste et signe: la dimension politique des différentes contestations sociales que connaît le pays est indéniable. «L'Algérie vit une crise politique», a déclaré, hier, Mme Hanoune, lors d'une conférence de presse, organisée au siège du PT à Alger. Elle a estimé que la situation du pays nécessite des «réformes politiques profondes». ces réformes, notamment la révision de la constitution, ne peuvent être menées selon elle par le parlement tel qu'il se présente actuellement. «Ce Parlement n'est pas habilité à procéder à la révision de la Constitution. Il est obsolète», a-t-elle tranché. Elle a réitéré la revendication du PT et du FFS d'élire une Assemblée souveraine à même de proposer une nouvelle mouture du texte fondamental. «Qu'elle soit nommée Constituante ou autre, le problème n'est pas lié à son appellation. Il se situe au niveau des prérogatives qui doivent lui être attribuées», a-t-elle précisé. La pasionaria du PT fait de cette revendication son cheval de bataille. «Il y va de la réhabilitation de la volonté populaire», a-t-elle indiqué. S'exprimant sur cette même question, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sous sa casquette de secrétaire général du RND, s'est prononcé, mercredi, contre la Constituante. «On n'est pas en crise politique», a-t-il estimé, à l'émission «l'invité de l'heure», à la Chaîne A3 de la Télévision nationale. Pour sa part, Mme Hanoune a soutenu qu'«il est important de rectifier l'erreur commise en 1963 quand la Constitution a été élaborée, en conclave, dans la salle de cinéma, Le Majestic (l'actuel Atlas)». Elle a qualifié ce procédé de «coup d'Etat contre la Constituante de l'époque». La conférencière a, en ce sens, averti contre les retombées de la reconduction de ce scénario. «Aucune parti politique, fût-il majoritaire, ne peut se substituer à la volonté du peuple», a-t-elle martelé, allusion faite aux positions affichées des deux partis majoritaires au Parlement, le FLN et le RND. Pour Mme Hanoune, il est impératif de lancer un débat de fond sur la révision de la Constitution. Pour la conduite de ce débat, Mme Hanoune s'est référée au mouvement de contestation que connaît l'Université algérienne. «Cette mobilisation extraordinaire a permis de définir des mécanismes de représentation démocratiques.», a-t-elle fait remarquer. Elle a, une fois de plus, fustigé le système LMD. «Ce système sert les intérêts des multinationales», a-t-elle dénoncé. Mme Hanoune a, en outre, mis l'accent sur «l'insuffisance des réponses apportées par la conférence nationale», organisée le 27 mars dernier, sous la présidence du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia. «Pourquoi insiste-t-on sur la cohabitation des deux systèmes classique et LMD jusqu'à la mort naturelle de l'ancien système?», s'est-elle interrogée. Mme Hanoune a souligné l'importance d'établir le bilan du système LMD «introduit en 2004 alors que la seconde loi d'orientation sur la recherche scientifique a été adoptée en 2008 (la première ayant été promulguée en 1998)». Sur un autre plan, Mme Hanoune a tiré à boulets rouges sur l'accord d'association avec l'Union européenne qu'elle a qualifié «d'hégémonique». «Les experts estiment les pertes causées par cet accord à 1,2 milliard de dollars de manque à gagner pour les douanes et 400.000 postes d'emploi», a-t-elle signalé.