La diplomatie française a fait montre d'un légalisme sans faille dans son action en direction du monde arabe. Les kidnappings et les libérations de journalistes français en Irak aujourd'hui et au Liban dans les années 80, sont les expressions visibles de la diplomatie française dans la région, qui a de tout temps tenté de briser l'hégémonisme US dans le monde arabe. Le différend franco-américain sur la question irakienne est le dernier épisode d'une relation en dents de scie où les diplomaties des deux pays ont eu à «croiser le fer» à plusieurs occasions. La rivalité entre les deux puissances militaro-économiques date de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, la France gaullienne, très jalouse de son indépendance, a toujours montré une volonté de ne pas se soumettre aux injonctions des Etats-Unis sur de nombreux dossiers de politique internationale. Bien que les deux nations aient fait cause commune contre le communisme tout le temps qu'a duré la guerre froide, il n'en demeure pas moins qu'elles divergent fondamentalement sur l'attitude à avoir en ce qui concerne le monde arabe. «Zone tampon» entre deux idéologies majoritaires, le libéralisme et le communisme, la nation arabe a accédé à son indépendance en pleine confrontation entre les deux blocs. Contrairement aux Américains qui ont opté pour la voie de la soumission des régimes arabes au diktat des Etats-Unis, les Français ont, pour leur part, tenté de comprendre le nationalisme arabe pour en faire un partenaire, privilégiant, de fait, une approche légaliste dans leurs rapports avec les dirigeants arabes. Ces derniers, bien que socialisants dans leurs approches socio-économiques n'en étaient moins jaloux de l'indépendance de leurs pays et n'entendaient pas jouer le rôle de valets au profit des USA et de l'Urss. Indépendamment de la nature dictatoriale de ces régimes, il était clair à l'époque que le monde arabe n'allait pas tomber dans le giron communiste. Cela, la France de De Gaulle l'avait compris et agissait en conséquence. A l'exception de la triple attaque contre l'Egypte au lendemain de la nationalisation du Canal de Suez, la diplomatie française a fait montre d'un légalisme sans faille dans son action en direction du monde arabe. Dès son accession au pouvoir, le président Chirac, un gaullien convaincu, a orienté la politique étrangère de son pays dans un sens plus indépendant que ne l'a fait son prédécesseur, le socialiste François Mitterrand. Depuis 1995 à ce jour, la France et les Etats-Unis se sont confrontés à maintes reprises sur la voie à suivre sur la question du Proche-Orient. Ainsi, sur la question palestinienne, la position de la France a réellement irrité Washington, notamment lorsque Jacques Chirac s'est rendu en Palestine. Accueilli en «héros», il a fortement insisté sur la nécessité de l'établissement d'un Etat palestinien. La diplomatie de l'Hexagone a, sur cette question précisément, défié la Maison-Blanche, en condamnant l'interdiction faite au défunt président palestinien de quitter son domicile. Jusqu'à la sortie «historique» de Dominique de Villepin à l'ONU pour condamner l'intervention des Etats-Unis en Irak, la France a, à maintes occasions, manifesté sa volonté de briser l'hégémonie US dans la région. Aussi, l'on comprend la sympathie des populations arabes envers ce pays et les dénouements heureux des affaires de prises d'otages qui ont concerné les journalistes français.