Mohamed Douibi, président d'Ennahda La base d'Ennahda s'est soulevée contre son président, Mohamed Douibi, à cause de sa démarche consistant à se diluer dans l'approche de Djaballah. L'Union Ennahda-Binaa-Adala vient d'appeler la majorité au pouvoir à «organiser des élections libres et honnêtes qui garantiraient l'égalité des chances et qui ressusciteraient l'espoir d'une possible issue quant à la situation dans laquelle est plongée la scène politique nationale», précise le communiqué de l'Union. Il y a un quiproquo dans cette démarche de la mouvance islamiste, les partis qui parlent au nom d'une alliance ne sont pas au stade d'entériner et de sceller cet objectif réunificateur de leur mouvement. Il y a de sérieux remous au sein de cette mouvance qui traverse une période très critique sur le plan politique. La base rejette d'emblée l'alliance telle que proposée par le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah. La base d'Ennahda s'est soulevée contre son président, Mohamed Douibi à cause de sa démarche consistant à se diluer dans l'approche de Djaballah. La base d'Ennahda à travers quelques éléments actifs au sein du parti a entamé un mouvement de redressement contre le président actuel de son parti pour lui signifier que cette alliance «présumée» n'est autre qu'une manière de se retrouver dans l'expérience politique précédente où Djaballah s'imposait comme maître absolu rejetant tout débat ou avis contraire au sien. C'est cette situation caractérisée par la division et l'effritement au sein de cette mouvance islamiste que l'alliance peine à se réaliser. Donc, parler au nom d'une alliance arlésienne comme c'est le cas maintenant, cela relève de l'imposture et de l'opportunisme politique. Les trois partis qui se disent rassemblés dans un cadre d'alliance à savoir Ennahda, Binaa et le FJD, connaissent très bien et sont conscients des enjeux politiques qui se profilent à l'horizon. Les élections locales sont considérées comme des joutes importantes, voire décisives dans la vie d'un parti politique. Si ces trois partis islamistes n'arriveront pas à réaliser un score respectable, ils seront voués à la disparition certaine sur le plan politique. D'ailleurs, les dernières législatives étaient considérées comme une véritable gifle pour cette mouvance islamiste qui se voyait déjà au pouvoir. Cette assurance et cet excès de zèle de leur part, leur ont fait accuser une lourde défaite, voire une bérézina électorale sans précédent. Le résultat des législatives a montré une mouvance islamiste amorphe affaiblie et sans issue. Les élections locales pointent à l'horizon, il ne reste que deux mois pour leur déroulement. Les islamistes sont conscients de leur situation, ils essaient de faire dans la duplicité à travers un discours conciliant, voire teinté de sémantique chère aux partis démocrates. Le communiqué des trois partis islamistes estampillé sous le sceau de l'Union Ennahda-Binaa-Adala appelle à «contribuer dans l'approfondissement de la démocratie (...) et exhorte les élites et les compétences nationales à prendre leurs responsabilités et contribuer dans la transformation démocratique réelle et la lutte contre la corruption et la mise en place des institutions légitimes», souligne le communiqué de l'Union Ennahda-Binaa-Adala. Ce discours cache mal les ambitions des islamistes qui ne perdent pas la boussole quant à leur stratégie principale, à savoir l'arrivée au pouvoir pour asseoir les jalons d'un Etat théocratique en contradiction avec la nature séculière d'un Etat moderne, républicain et démocratique. Les islamistes sont connus pour leur double langage en matière de pratique politique, quand la situation politique n'est pas favorable à leur émergence en tant que force qui s'impose sur l'échiquier politique, ils font de l'entrisme un credo de premier plan pour se maintenir en tant qu'entité au sein des institutions de l'Etat surtout au sein du Parlement. Ils considèrent cette versatilité comme une étape indispensable pour atteindre l'objectif suprême, celui d'instaurer l'Etat islamique où la chari'a se proposera comme l'alpha et l'oméga de toutes les institutions en place.