Le front El Adala, le mouvement Ennahda et le mouvement El Binaa ont officiellement signé l'accord d'alliance. Un grand meeting a regroupé, hier au Palais des expositions, les militants des trois partis islamistes pour une cérémonie d'officialisation de l'union qui se veut, selon ses initiateurs, «une alliance politique, stratégique sur une période afin de trouver une valeur ajoutée à l'effort national et dont les prochaines élections constituent la première étape». C'est, du moins, ce qui est indiqué dans la plate-forme de l'«Union pour Ennahda, El Adala et El Binaa», comme il a été convenu de l'appeler. Mais, ce n'est pas un secret de polichinelle que la concrétisation de ce projet a été accélérée par la nouvelle loi électorale, qui impose la règle des 4% de résultats aux suffrages des échéances précédentes pour valider les listes de candidature. Ce que ne reconnaissent pas publiquement les trois leaders des partis membres de l'Union. Outre Bouabdellah Ghlamallah, président du Haut Conseil islamique (HCI), l'ancien ministre Abdelaziz Rahabi et le chercheur Mohand Arezki Ferrad, plusieurs représentants de partis, dont le FLN, ont assisté à l'événement. L'ancien président du MSP, Aboudjerra Soltani, a été aussi présent et même invité à prendre la parole. Quant aux chefs des trois formations politiques islamistes, qui se sont succédé à l'estrade, le jour était pour la mobilisation des troupes en prévision des élections législatives auxquelles ils prendront part avec des listes communes. Abdallah Djaballah a, tout en estimant que «le pluralisme politique en Algérie a besoin de réformes et de conditions pour une concurrence transparente et positive», poussé l'optimisme plus loin. «J'espère que cette alliance sera la locomotive qui guidera les combats de la nation», a déclaré le président du Front pour la justice et le développement (FJD), non sans faire une lecture critique de la situation du courant islamiste en Algérie. Pour le cheikh, «les divergences entre les partis ont déchiré le courant islamiste et l'ont affaibli. Ce qui n'était pas dans son intérêt mais dans l'intérêt de ses détracteurs et des ennemis de son projet». De son côté, Mohamed Douibi a expliqué que cette alliance politique «est venue en réponse aux appels des bases militantes des trois partis». Le projet intervient, ajoute le secrétaire général d'Ennahda, «dans un contexte politique fragile et d'échec sur le plan économique et social». Selon lui, l'Union se fixe comme objectif «de donner à l'Algérie une classe politique nationale, responsable et consciente des défis et des dangers de la conjoncture, notamment au plan régional». Aussi, «elle contribue à doter la scène nationale de pôles politiques forts pour consolider l'Etat». Cependant, Douibi insiste que le projet «ne vise aucune partie et ne peut se vanter d'être la seule alternative aux autres», dans une allusion à peine voilée à la fusion entre le MSP et le Front du changement, deux autres partis du courant islamiste. Mostefa Belmahdi du mouvement El Binaa a, quant à lui, indiqué que l'Union scellée entre les trois formations politiques «reste ouverte pour le travail commun avec tous les fidèles aux pays». Louant les initiateurs de l'alliance, il dira qu'«Ennahda représente le progrès et le développement ; El Adala est la base de l'Etat et sa pérennité, tandis qu'El Binaa exprime la réforme de l'humain et sa promotion».