L'accord de cessez-le-feu d'Astana doit être renforcé Des «lignes de déconfliction» existent ainsi entre le régime et les Forces démocratiques syriennes (FDS) combattant tous deux les jihadistes de l'Etat islamique dans certaines zones ou entre Moscou et Washington pour éviter les incidents aériens. Au lendemain de la victoire de l'armée syrienne qui est parvenue à briser le siège de Deir Ezzor par Daesh dont les éléments encerclaient la brigade 137, scellant par-là même le commencement de la fin pour le groupe terroriste auto proclamé Etat islamique, Moscou a annoncé hier la création d'une zone dite de «déconfliction» dans la région de Tal Rifaat, dans le nord de la Syrie, en vertu d'un accord qui y déploie les forces gouvernementales et la police militaire russe. La création de cette zone vise à «empêcher les provocations et de possibles accrochages entre les unités de l'Armée syrienne libre et les combattants kurdes», a expliqué aux journalistes le général Sergueï Roudskoï de l'état-major russe. «Des unités des forces gouvernementales syriennes ont remplacé les formations armées kurdes, qui ont quitté la zone. Des unités de la police militaire de l'armée russe ont été déployées» pour surveiller la mise en oeuvre du cessez-le-feu, a-t-il ajouté. Le terme «déconfliction» est utilisé par les militaires pour désigner les mesures prises pour éviter les accidents liés à la présence de différents acteurs combattant des ennemis dans une même zone. Des «lignes de déconfliction» existent ainsi entre le régime et les Forces démocratiques syriennes (FDS) combattant tous deux les jihadistes de l'Etat islamique dans certaines zones ou entre Moscou et Washington pour éviter les incidents aériens. Les Unités de défense du peuple kurde (YPG) avaient indiqué en août qu'un accord avait été trouvé pour le déploiement d'»observateurs russes à plusieurs endroits à Afrin et Shahbaa», soit la zone au nord d'Alep dont Tal Rifaat, pour y «assurer la sécurité». Selon l'armée russe, plus de 400 civils sont revenus à Tal Rifaat depuis l'arrêt des combats dans la région. La Russie a déjà déployé sa police militaire dans le sud de la Syrie, dans la Ghouta orientale près de Damas et dans certaines parties de la région de Homs dans le cadre de zones de désescalade, censées permettre l'instauration d'un cessez-le-feu durable dans le pays en guerre. De grandes interrogations commencent à se poser quant au modus vivendi entre les différentes factions soutenues par les puissances occidentales et certains pays de la région comme la Turquie et l'Arabie saoudite et le gouvernement syrien qui ne cache pas sa détermination à oeuvrer sans relâche pour la récupération de tout son territoire, même si au demeurant l'état-major de l'armée syrienne sait bien que le terrorisme va continuer sous d'autres formes résiduelles pendant quelque temps. A cet égard, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a jugé hier que l'opposition syrienne devait accepter qu'elle «n'a pas gagné la guerre», tout en estimant que le gouvernement syrien ne doit pas crier «victoire». «Le moment de vérité est très proche», a estimé M. de Mistura, lors d'un point de presse à Genève. «Je sais que vous avez entendu les mots 'processus politique'' à de maintes reprises mais est-ce que le gouvernement, après la libération de Deir Ezzor et de Raqa, sera prêt à négocier et à ne pas simplement crier victoire?» a-t-il dit. «Est-ce que l'opposition sera capable d'être unifiée et d'être assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre?» a-t-il poursuivi. «A l'heure actuelle, je ne pense pas que quelqu'un puisse prétendre avoir gagné la guerre», a-t-il précisé. Il a estimé que la priorité actuelle était de poursuivre la mise en oeuvre des zones de désescalade en Syrie, puis de mettre sur pied «un cessez-le-feu national» qui ne pourra tenir sur le long terme que grâce à un «processus politique». Des «négociations politiques sont nécessaires» pour éviter «un avenir sombre» en Syrie, avec notamment un possible retour du groupe Etat islamique (EI) ou d'une «guérilla», a-t-il estimé. L'envoyé de l'ONU pour la Syrie a répété qu'il espérait lancer en octobre des pourparlers de paix entre le régime et l'opposition à Genève. Il a également souligné la nécessité d'avoir une délégation de l'opposition «unifiée» et dotée d'un «certain réalisme». Faute de quoi, «il n'y aura pas de vraies négociations, et ce n'est pas dans l'intérêt de l'opposition». Les Nations unies ont organisé plusieurs sessions de pourparlers à Genève, qui ont dans l'ensemble échoué, butant toujours face aux manoeuvres de l'opposition sur le sort du président Bachar al-Assad.