Alors que des délégués de Boumerdès, Bouira et Béjaïa tenaient un meeting au marché hebdomadaire de Fréha, l'aile modérée animait, elle, une conférence-débat à Bouzeguène. Accompagnés des délégués de Boumerdès, Bouira et Béjaïa, les délégués de la Cadc ont harangué la foule. Ils ont ainsi longuement évoqué la rencontre d'Alger (Benflis-ârchs), pour dénoncer, avec les mots les plus durs, ces délégués qui ont, selon eux, «osé parler au nom d'un mouvement, dont ils n'ont jamais fait partie»... Les «ârchs» membres de cette rencontre avec le Chef du gouvernement, qualifiés de «délégués taiwan» en ont pris pour leur... grade. Les animateurs du meeting ont également évoqué le cas de certaines coordinations qui renferment, selon eux, «des traîtres», et il est demandé à ces structures de «procéder au nettoyage de leurs rangs». Après avoir retracé la genèse du mouvement, un délégué a «solennellement adressé un ultimatum au pouvoir, afin de libérer, avant l'Aïd, les jeunes détenus». Car pour lui, «dans le cas contraire, la Cadc pourrait, alors, recourir à d'autres moyens...». Le lendemain, la Cadc a tenu un conclave extraordinaire au Théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, avec pour thème principal, le problème des jeunes arrêtés et mis sous mandat de dépôt pour «troubles de l'ordre public», lors des récentes effervescences de Tizi Ouzou. Pour sa part, la coordination de Bouzeguène a organisé une rencontre au niveau du centre culturel du chef-lieu de daïra. La rencontre, animée par MM.Arezki Yahiaoui et Mohamed-Saïd Amrouche, deux délégués de Bouzeguène et anciens animateurs du mouvement citoyen, a drainé une foule nombreuse. Près de 1000 personnes se pressaient dans les lieux devenus exigus, pour suivre la conférence-débat. Les deux conférenciers ont ainsi retracé l'itinéraire du mouvement, explicité la démarche de la coordination de Bouzeguène et émis le voeu de voir la population «réfléchir à un projet de sortie de crise». Projet, autour duquel l'un et l'autre des conférenciers ont appelé les citoyens à la «discussion à la base, avant de revenir avec des propositions». M.Yahiaoui Arezki commencera par dire: «Au départ, il s'était agi d'associer le courage des jeunes à la sagesse des adultes et ce, pour aboutir à une lutte pacifique, en dehors des sentiers de la violence...» et d'ajouter: «Si la violence était payante, le parti dissous serait, aujourd'hui, au pouvoir.» Le conférencier aboutit au constat désolant, en affirmant: «Le mouvement s'est retourné contre les citoyens, suite à de multiples dérives au lieu d'oeuvrer à remettre la société en marche et à promouvoir le droit...» M.Yahiaoui assène, en guise de conclusion: «Bouzeguène n'a de leçon à recevoir de personne...» Intervenant à son tour, M.Amrouche devait dire: «Après maints rappels à l'ordre..., nous avons décidé de ne plus cautionner les actions qui n'ont rien à voir avec la recherche de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur.» Comme il n'a pas manqué d'évoquer le cas de «ces délégués qui refusent de retourner à la base» pour revalider les mandats et recueillir le véritable message de la base. Pour lui, «le mouvement prenait les allures d'un mauvais parti. Des gens se sont autoproclamés leaders, en dépit de toutes les mises en garde et contrairement à tous les textes régissant le mouvement». M.Amrouche a également plaidé en vue de la création «d'un pôle constitué de délégués authentiques des régions effectivement touchées par les événements. Ce pôle aura également, à associer les parents des victimes et les blessés. C'est la seule solution pour, à travers un manifeste, imposer au pouvoir toutes les réponses attendues quant à la réelle prise en charge de la plate-forme d'El-Kseur...» Des débats assez violents ont porté essentiellement sur le manque d'informations crédibles. D'autres intervenants se sont demandés pourquoi cette démarcation de Bouzeguène et ont plaidé pour l'unité du mouvement. Des réponses ont fusé de la salle. Ainsi, l'une des personnes de l'assistance lâche: «Il vaut mieux être seul que mal accompagné...» et à autre de se lancer dans une explication assez politique, où il était également question «de manque de culture démocratique». Enfin, un élu local prendra la parole en «qualité de citoyen», précisa-t-il pour affirmer que, selon lui, il n'est pas nécessaire de renouveler le mandat par la base, comme il a appelé à suivre la Cadc et finit par se dire «indigné de la position de Bouzeguène». La salle a accueilli cette intervention dans la réprobation générale, et M.Amrouche, de s'écrier: «S'il ne faut pas renouveler les mandats, pourquoi s'en prendre alors à ces faux délégués qui rencontrent le Chef du gouvernement...»