Cette mesure prise lors du dernier Conseil des ministres constitue également un coup de maître privant les chantres des apocalypses, d'une occasion de tenter de se mettre en «valeur». La contrainte budgétaire obéissant à une orthodoxie financière de référence impérative chez les institutions financières internationales fut administrée à une économie algérienne à genoux durant les années 1990, alors que celle-ci avait, plutôt, besoin, à l'époque, d'un réel doping que d'un «luxueux» enchaînement, mais asphyxiant, que constituait la loi sur la monnaie et le crédit promulguée en 1990. Cette loi traduisait une dyspepsie monétaire, principalement pour toute la décennie 1990 et au-delà, que les assouplissements introduits en 2003 notamment, n'ont pas totalement rattrapée. Les exemples de permissivité en matière de dette intérieure nous viennent, pourtant, de pays mieux aguerris économiquement; ceux-là même qui nous rappellent souvent à l'ordre, pour le respect de la rigueur budgétaire pure et dure, sous l'oeil vigilant des institutions financières internationales interposées, en tant que de besoin. La marge de manoeuvre de l'Algérie, actuellement, est, par conséquent, assez accommodante pour nous permettre une certaine soupape inflationniste, surveillée toutefois par une adéquate adaptation de la loi sur la monnaie et le crédit. Un certain dosage de keynésianisme est de nature à fouetter notre économie et, en ce temps de disette d'argent, de l'empêcher de sombrer dans une récession à tout anesthésier. L'Algérie, n'étant plus sous les conditionnalités-chantage des rééchelonnements de la dette extérieure des années 1990, ni sous l'épée de Damoclès d'un surendettement extérieur, dont elle s'est débarrassée dès réunion des conditions favorables au début des années 2000, est en droit, dans la conjoncture économique actuelle, de s'offrir l'avantage d'un contournement mesuré des contraintes budgétaires issues de la chute des cours de pétrole, par l'«entorse», inévitablement salutaire, à une orthodoxie budgétaire suicidaire sur le plan social et sur celui du développement économique du pays. Le sauvetage garanti par les amendements apportés à la loi sur la monnaie et le crédit par le Conseil des ministres du 6 septembre 2017, constitue une délivrance d'une angoisse certaine, mais aussi, un coup de maître privant les chantres des apocalypses, d'une occasion de tenter de se mettre en «valeur». Les «rigoristes platoniques» de l'orthodoxie budgétaire, pourtant non universelle, y trouveront, certainement, matière à dissertation. En tous les cas, pour les dépenses en dinars, les fonctionnaires et autres travailleurs, sont désormais, rassurés pour leurs salaires et la politique sociale est bien préservée; l'arrêt net du développement, non plus, ne surviendra pas. Quant aux dépenses en devises, la veille devra être, par contre, très rigoureuse pour préserver notre liberté de décision. Ce n'est, donc, pas d'une sale besogne qu'il s'agit, mais, plutôt d'une perspicacité élogieuse dont il faudrait se féliciter. Car, à choisir entre le suicide et le salut, la voie, dans notre religion, est toute indiquée. Toutefois, les accommodements transitoires des réformes ne doivent, en aucune manière, sacrifier la tendance lourde et la constance de ces réformes. En tout état de cause, l'histoire ne pardonnera pas de sacrifier des générations au profit d'autres, même si chaque génération doit partager avec d'autres, les sacrifices et le bien-être.