Après la saignée de l'Aïd c'est la saignée de la rentrée La liste des fournitures scolaires entre les mains, un parent, la quarantaine à peu près, arrivait à peine à terminer la lecture des articles scolaires indiqués. L'achat des fournitures scolaires pour ses enfants scolarisés n'est plus un plaisir comme il y a une dizaine d'années pour les parents d'élèves. L'ambiance qui accompagnait jadis l'achat de ces fournitures, a cédé la place maintenant à un silence et à des soupirs qui en disent long. Voulant assister hier à Belouizdad, l'un des quartiers les plus animés d'Alger, à l'ambiance que devait créer l'achat de ces fournitures dans les librairies, nous avons hélas assisté exactement à l'inverse. La liste des fournitures scolaires entre les mains, un parent, la quarantaine à peu près, accompagné de sa fille, arrivait à peine à terminer la lecture des articles scolaires écrits. Tout en retenant les prix que le vendeur lui annonçait, le parent demandait à chaque fois à sa fille si elle était sûre que c'était les articles que la maîtresse lui avait demandés d'acheter. Oui, répondait la fille devenant toute rouge de gêne. Le parent voulait s'assurer en fait que sa fille ne s'était pas trompée du nombre de pages des cahiers que la maîtresse lui avait demandés. Convaincu par sa fille, le parent demandait au vendeur de lui donner les cahiers indiqués. «Ce sont des fous ces enseignants! On dirait qu'ils ne vivent pas dans notre société», déplorait le parent avec une voix chargée de dégoût. «Ils exigent des cahiers de 288 pages, alors que des cahiers de 120 pages pourraient suffire largement», poursuit-il. Moins énervés que ce parent, d'autres parents achetaient les fournitures sans contester les prix, mais silencieusement. Les impressions de malaise et de dégoût se lisaient facilement sur leurs visages. «Que voulez-vous que je vous dise mon frère au sujet des prix. Ils sont bien sûr chers et trop chers même! Mais nous n'avons pas le choix, nous sommes obligés de les acheter. Ils sont obligatoires pour la scolarité de nos enfants», nous répondait une maman d'un certain âge apostrophée à l'intérieur d'une librairie sise à la rue Mohamed Belouizdad, à propos des prix. Les prix des fournitures scolaires pour cette maman n'ont pas augmenté par rapport à l'année dernière. «Je ne trouve pas une grande différence dans les prix comparativement à ceux de l'année dernière. Néanmoins, les prix demeurent toujours chers. Rien que pour les cahiers et la trousse, j'ai dépensé plus de 2000 DA pour mon fils qui étudie en première année moyenne», a témoigné la maman, ajoutant que le cartable reste le plus coûteux. «Depuis ce matin que je fais le tour des librairies, jusqu'à maintenant, je n'ai pas encore trouvé un sac à d'os à moins de 2000 DA», nous a-t-elle confié. Se sentant obligés d'acheter ces fournitures, de nombreux autres parents nous ont indiqué que les enseignants exagèrent un peu dans leur demande pour ce qui est des fournitures. «Les enseignants doivent être plus compréhensifs. Ils savent normalement tous que le pouvoir d'achat des parents a baissé et que les dépenses se sont multipliées», se sont-ils accordés à dire. «Les enseignants doivent désormais exiger uniquement le nécessaire»,dira de son côté un autre parent d'élève ajoutant que l'élève scolarisé n'a pas besoin uniquement des fournitures scolaires, mais aussi des vêtements et du tablier lesquels coûtent au minimum 10 000 DA pour un seul enfant scolarisé. A ce propos, il faut dire qu'en demandant les prix des tabliers hier, il nous a été impossible de trouver un tablier à moins de 1300 DA. Par ailleurs en ce qui concerne les prix des fournitures scolaires, en demandant leurs prix, nous avons appris que des cahiers de 288 pages sans ressort coûtent 105 DA, avec ressort ils coûtent 130 DA, les registres deux mains 190 DA, trois mains à 250 DA, quatre mains à 300 DA, cinq mains à 350 DA. Les crayons couleurs font entre 120 DA et 400 DA, produit importé. Pour ce qui est des trousses, leur prix va de 200 DA, jusqu'à 700 DA. La pâte à modeler fait entre 120 DA et 500 DA. Les gommes font entre 80 DA pour la basse qualité et 300 DA pour le produit importé. Il est à signaler par ailleurs, que contrairement aux années passées, tous les libraires se sont accordés à dire hier que cette année, il n'y a une baisse dans l'offre quant aux fournitures scolaires. En raison de la suspension des importations, il n'y a que les produits locaux qui sont disponibles. Les produits importés exposés sont des stocks des années passées. A ce propos, il faut dire que cette année, il nous a été donné de constater hier l'absence totale des vendeurs occasionnels de fournitures scolaires. Il n'y a pratiquement eu aucune table proposant ces fournitures sur le long des boulevards d'Alger, comme c'était la tradition jusque-là à Alger.