Dix-sept soldats et huit policiers irakiens ont été tués dans un attentat suicide dans un restaurant de la base de Khalès et dans la capitale. Les attentats en Irak ont pris une nouvelle ampleur les dernières quarante-huit heures, avec une série d'attentats suicide meurtriers, dont celui d'hier commis par un kamikaze dans un restaurant de la base militaire de Khalès, près de Baâqouba, l'un des fiefs de la résistance irakienne. Le premier bilan, selon des sources policières et hospitalières, s'établissait à 17 morts et 28 blessés, tous des soldats. Le kamikaze, selon le témoignage d'un officier irakien, était en tenue militaire et s'est fait exploser au moment où plusieurs militaires s'apprêtaient à se restaurer. Hier encore, à Bagdad, un attentat à la voiture piégée a visé une patrouille de la police faisant, selon des sources sécuritaires, huit morts parmi les policiers. Ce chiffre n'a pas été confirmé par le ministère de l'Intérieur qui n'a donné aucune indication sur ce nouvel attentat dont sont victimes des forces de sécurité. En fait, les policiers et les militaires irakiens constituent les deux cibles privilégiées de la guérilla irakienne. Ainsi, mardi, dans la région de Baâqouba, à Kanaâne, un attentat a été commis contre une permanence de la police, tuant 10 policiers et en en blessant plusieurs autres. Dans cette série d'attaques, il y eut celle commise ce même mardi devant une banque à Kirkouk, faisant 30 morts et 81 blessés. Lors de cette même journée de mardi, 11 autres personnes ont été tuées dans différentes villes d'Irak, notamment dans le périmètre de la capitale Bagdad et dans le nord du pays. Au total, plus de 80 personnes ont été tuées en deux jours dans différentes attaques de la guérilla, démentant quelque peu l'optimisme dont faisaient montre les autorités irakiennes et américaines. De fait, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a dû admettre mardi que «statistiquement» l'Irak n'est pas plus sûr aujourd'hui qu'après la chute de Saddam Hussein. M.Rumsfeld s'en est pris à la Syrie et à l'Iran, accusant la première de «jouer un rôle» dans la rébellion, et le second de «tenter d'influer sur ce qui se passe». Les deux pays, affirme-t-il, ont des frontières « relativement poreuses » avec l'Irak, ce qui constitue, soutient le secrétaire à la Défense américain, une aubaine pour l'infiltration de combattants étrangers en Irak. Par ailleurs, la mort hier d'un marine américain, tué mardi à Falloujah, ancien fief rebelle, porte à 1699 le nombre de soldats américains tués en Irak, depuis l'invasion du 20 mars 2003, selon les statistiques fournies par l'armée américaine. Pour sa part, un porte-parole de la force multinationale en Irak (FMN) a indiqué hier que plusieurs soldats britanniques, -dont il ne donne pas le chiffre exact- ont été blessés, dans la périphérie nord de Bagdad, par l'explosion d'un bombe artisanale. Cette recrudescence de la violence intervient après une période marquée par une certaine accalmie qui avait alors laissé présager que les autorités irakiennes commençaient à prendre les choses en main en vue de sécuriser le pays. Au regard de cette reprise de la violence, notamment dans la région de Falloujah, qui semblait avoir été pacifiée après les dures batailles de l'an dernier—, indique plutôt un recentrage de la guérilla qui, en revanche, semble omniprésente dans le nord du pays, en dépit des nombreuses arrestations de rebelles, notamment dans les rangs du groupe de l'islamiste jordanien, Abou Moussab Al-Zarqaoui, annoncées ces dernières semaines par le ministère irakien de l'Intérieur. Dans cette chasse aux rebelles les autorités sécuritaires irakiennes parviennent, ici et là, à mettre le grappin sur quelques résidus de l'ancien régime, à l'instar de l'arrestation de «gros» poisson comme celle d'un ancien général de l'armée de Saddam Hussein, annoncée par le ministère irakien de la Défense. Cet officier se serait recyclé, selon la même source, comme «conseiller militaire» d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, le chef d'Al Qaîda en Irak. D'autre part, alors que la situation sécuritaire ne cesse de s'aggraver, le Tribunal spécial irakien (TSI), chargé de juger Saddam Hussein, poursuit les interrogatoires de l'ex-président irakien, allant jusqu'à diffuser, comme récemment, des vidéos de cet interrogatoire. De fait, le TSI a annoncé hier son intention de diffuser d'autres vidéos dans les jours à venir montrant des images de Saddam Hussein et de quelques autres notables de l'ancien régime irakien. Un responsable du TSI qui a requis l'anonymat a indiqué à cet effet qu'«il y aura d'autres vidéos dans les jours qui viennent, l'interrogatoire se poursuit».