Au moins 32 personnes ont été tuées et plus d'une centaine blessées dans une vague d'attentats à la voiture piégée hier à Baghdad, la plupart sur des marchés à une heure de grand affluence. Au total, six voitures piégées, pour la plupart garées sur des marchés de la capitale irakienne, ont explosé dans la matinée. Cette vague d'attentats intervient, alors que le ministre du Commerce britannique Peter Mandelson se trouve en visite à Baghdad. Les attentats en Irak, même s'ils sont moins meurtriers, restent toujours quotidiens et frappent notamment la capitale. La baisse des violences s'est d'ailleurs confirmée ces derniers mois dans le pays et elle est due à la nouvelle stratégie de contre-insurrection de l'armée américaine et le renforcement des forces irakiennes. En mars, les violences ont coûté la vie à 252 civils, militaires et policiers, un bilan stable par rapport à février. Le bilan de mars s'explique par au moins quatre attentats de grande ampleur, qui ont fait en moyenne 30 morts chacun. Deux attentats suicide au début de ce mois à Baghdad et à Abou Ghraïb (ouest de la capitale) avaient ravivé les craintes pour la sécurité, alors que l'armée américaine prévoit de retirer 12 000 soldats dans les six mois à venir, en plus des 4100 soldats britanniques qui doivent avoir quitté le pays d'ici à juillet. En 2008, 6772 Irakiens avaient été tués dans des violences, contre 17430 personnes en 2007. 2006 et 2007 avaient enregistré les pires bilans de victimes depuis l'invasion américaine en mars 2003. Le mode opératoire des attentats meurtriers — un kamikaze portant une ceinture d'explosifs ou conduisant un véhicule bourré d'explosifs —porte la signature de la branche irakienne d'Al Qaïda. Prudent, le commandement américain estime qu'Al Qaïda, même affaiblie, conserve la capacité de monter des opérations complexes et qu'il reste encore du travail pour que les forces irakiennes soient complètement prêtes à assurer seules la sécurité. La reprise en main par le gouvernement irakien des milices Sahwa —anciens insurgés reconvertis dans la lutte contre Al Qaïda —a ravivé les craintes que certains d'entre eux retournent dans les rangs de l'insurrection. Plusieurs dizaines d'entre eux ont été arrêtés ces deux dernières semaines.