Américains et Peshmergas autour du barrage de Mossoul Le vote a eu lieu malgré l'absence de l'opposition qui a boudé cette consultation exceptionnelle, dés lors que ledit Parlement kurde n'a plus siégé depuis deux ans, à cause des nombreux désaccords qui existent entre les différentes formations politiques. Alors que Daesh est en train de disparaître progressivement de la carte irakienne, trois ans après avoir proclamé le califat à Mossoul, voilà que le Parlement kurde irakien vient de voter, sans surprise d'ailleurs, en faveur de l'organisation d'un référendum pour l'indépendance le 25 septembre prochain, même si le commanditaire de la consultation, le président Massoud Barzani n'écarte pas l'idée d'un report éventuel réclamé sans trop d'insistance par les Etats-Unis qui le soutiennent. Vendredi dans la soirée, le Parlement basé à Erbil a donc approuvé, lors d'un vote à main levée, le projet électoral évoqué par Barzani au mois de juin dans une ambiance de campagne électorale qui galvanise les villages kurdes depuis plusieurs jours. Un vote a eu lieu malgré l'absence de l'opposition qui a boudé cette consultation exceptionnelle, dès lors que ledit Parlement kurde n'a plus siégé depuis deux ans à cause des nombreux désaccords qui existent entre les différentes formations politiques. Sur les 68 députés présents, 65 ont voté en faveur du référendum tandis que les observateurs ont relevé le nombre important de sièges vides. Le vote s'est du coup rapidement transformé en manifestation de joies et de démonstrations bruyantes en faveur du projet de Barzani, drapeaux et hymne kurdes saluant l'événement. Il convient de noter que cette réunion de l'Assemblée du Kurdistan irakien est intervenue en riposte au Parlement fédéral qui a voté par deux fois en quelques jours des décisions pour s'opposer à la tenue de ce référendum d'indépendance. Si les députés kurdes ont déserté le siège du Parlement fédéral, la majorité des élus s'est prononcée en faveur d'une série de mesures de nature à «protéger l'unité de l'Irak». Parmi ces mesures, la première a consisté dans le limogeage du gouverneur de la province d'Irkouk qui, passant outre la politique du gouvernement de Baghdad, avait donné le feu vert pour l'organisation du référendum d'indépendance kurde. Un référendum qui n'agace plus mais inquiète carrément la Turquie et l'Iran, pays voisins qui craignent l'inévitable contagion qu'une telle échéance ne manquera pas d'avoir sur leur propre communauté kurde, déjà traversée par des velléités séparatistes incarnées par le PKK en Turquie. Le scrutin de Barzani constitue également une source nouvelle de préoccupations pour le mentor américain, Washington étant concentré sur la lutte contre Daesh et n'appréciant guère une opération factuelle qui risque de nuire à la cohésion des FDS en Syrie composées de kurdes mais aussi d'une majorité d'Arabes. C'est pourquoi les Etats-Unis s'efforcent de convaincre Barzani de la nécessité d'un «report» du référendum, moyennant quelques concessions en matériels militaires notamment, lui qui clame que «l'indépendance est l'unique solution face au chaos qui règne à Baghdad». Barzani dont le mandat a expiré en 2015 s'est maintenu au motif que les combattants irakiens, kurdes compris, sont mobilisés contre l'EI jusqu'à l'anéantissement de la menace terroriste. Devenu autonome en 1991 par la force des choses dans un Irak disloqué, le Kurdistan tente de conforter sa situation à la faveur d'une conjoncture qui voit l'Irak plonger dans une autre dimension politique, marquée par les différends ethniques et confessionnels. D'aucuns prédisent dans un futur immédiat des affrontements sanglants entre les Peshmergas (combattants kurdes) et les multiples factions paramilitaires présentes un peu partout dans le pays, qu'elles soient chiites comme le groupe Badr de Hadi El Amiri, soutenu par l'Iran, ou sunnites comme l'organisation encouragée par la Turquie. Précisément, Ankara a aussitôt réagi à la nouvelle en lançant un nouvel avertissement sur les conséquences de cet éventuel référendum, indiquant qu'il «aura un prix», allusion claire au seul moyen de subsistance du Kurdistan irakien qui dépend entièrement du pipeline acheminant le pétrole de la région vers le port turc de Ceyhan. A cela s'ajoute la circonspection des 5,5 millions de kurdes qui mesurent les risques d'une telle plongée dans l'inconnu!